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SANTE

Ngozi face au Coronavirus : « Dieu ne permettra pas la maladie ! »

Une peur panique a envahi le monde. Le coronavirus fait des ravages. Alors qu’ici et là on s’agite ne sachant pas quoi faire, certains habitants de la ville de Ngozi s’en remettent à Dieu.

Gonflés d’une foi profonde, d’une confiance en soi sublime et égoïste, certains habitants de ma ville voient et traitent le Coronavirus avec ironie, imperturbables. Ainsi enfreignent-ils les mesures de prévention édictées par les autorités. En témoignent les dires et réactions face à une salutation sécurisante. 

« Vous, Burundais ! Saluez-moi avec la main. La maladie ne fourrera pas le sol burundais », me déclarent les amis alors que je présente le coude comme nouvelle forme de salutation. Se toucher les pieds, pour éviter encore un rapprochement, ils vous collent le sobriquet de rasta, dans son sens le plus négatif du terme.

Dieu veille !

Les gens n’ont que faire des mesures de prévention et s’en excusent, innocemment : « Je me retrouve souvent en train de saluer les gens avec les mains. Ne pas saluer les gens, ce n’est pas digne d’un Burundais ! », me dira un collègue à qui je refuse la main.

Plus catholiques que le Pape, des discussions entre les gens portent sur l’amour que le Tout-Puissant garde pour son bon jardin d’Éden qu’est le Burundi. « Dieu aime le Burundi plus que les autres pays. C’est inutile de se stresser. La maladie ne touchera pas le Burundi, je vous jure. »

Ils nuancent aussi, tout en rassurant : « Dieu ne permettra pas la maladie. Sinon, elle n’épargnerait personne. »

La foi, la compassion, la pitié, la miséricorde,…divines. Voilà les grâces sur lesquelles semblent vivre ces individus. « Du haut du ciel, Dieu voit, s’imagine la misère qu’auraient les Burundais dans le confinement. Et il a décidé de nous épargner de ce fléau. » À les entendre, on peut se figurer Dieu, sur son trône, en train de délibérer sur le Burundi.

La mort suite au Corona, une prédestination ?

Dans un bar, je salue « modernement » une maman d’environ 50 ans. Elle s’étonne et me refuse la salutation. Et elle me lance, avec véhémence : « Si on est destiné à mourir par le coronavirus, on n’y échappera pas.  Je suis née dans les années 50, des crises, des calamités naturelles ont sévi. Les uns ont été emportés et les autres comme moi sommes encore vivants. » Elle me laisse un  « conseil » avant de partir : «  Plutôt, mon fils, cherche le royaume de Dieu tant qu’il se trouve, car on ne sait ni le jour ni l’heure de la parousie. »

Les efforts sont déployés ici et là. L’appel lancé par les autorités compétentes a été largement et avec succès honoré : rendre disponible l’eau et le savon dans les endroits les plus fréquentés comme les écoles, les églises, les institutions étatiques et privées. Un acte à louer. Cependant, comme on peut s’en douter, dans ces lieux, se laver les mains n’est pas toujours un acte volontaire. « Beaucoup se lavent par force. Nous assistons à des entrées en douce. Alors ils se lavent malgré eux, tout en proférant des plaintes : « Ibivyo ni ivy’akanya gato. Ingwara yaje hoho ntawuyitangira, (tout ceci est temporaire, si la maladie est là, rien ne peut l’arrêter, ndlr) », raconte un gardien de banque, indigné.

Un grand danger guette. Qui sera chargé de surveiller les salutations sans se serrer les mains si ce n’est la conscience personnelle ?

 

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