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Vidéo : sur les traces des « vendeurs-crieurs de rue »

Pas un jour ne passe sans que les habitants de Bujumbura entendent des gens annoncer, avec une voix inimitable, divers produits de consommation. Il s’agit souvent de vendeurs d’avocats, de bananes (mûres ou vertes), des amarantes, des mangues, etc. Ils sillonnent tous les jours des dizaines de kilomètres à la recherche de potentiels clients. Découverte.

De nos jours, même si se rassasier n’est pas une option pour certains, le commerce ambulant fait vivre plus d’un ménage dans les quartiers de Bujumbura. Que ce soit pour les vendeurs ou bien les acheteurs, tous y gagnent respectivement en termes d’argent et de temps. Les femmes, puisqu’elles sont habituées à transporter des paniers sur la tête, ont été les pionnières à faire du commerce « porte-à-porte ». Les hommes, après qu’ils ont constaté qu’il y a gain de cause, ils ont décidé d’emboîter le pas et ils vont même jusqu’à transporter des tables ornées de « petits poissons », les Ndagalas.

Paniers sur leurs têtes, (enfants sur le dos des femmes), ils parcourent les rues de presque tous les quartiers de Bujumbura. On les reconnaît par leurs voix assez audibles sans pour autant avoir à comprendre ce qu’ils disent. Ils se réveillent avant l’aube pour s’approvisionner en vivres qu’ils emportent dans les quartiers.

Ils n’ont pas d’itinéraire fixe lors de l’exercice de ce métier. Le matin, ils prennent le chemin par lequel ils espèrent rencontrer un ou plusieurs clients. Ils ne font pas d’épargne, ils mangent une fois par jour. Ils n’abandonnent pas, ils recommencent ce circuit le lendemain.

Témoignages

Évelyne est mère de huit enfants, elle est originaire de la commune Mwakiro de la province Muyinga. La vie a fait qu’elle soit mariée à Bujumbura à Kamesa, une banlieue du sud de Bujumbura. Depuis huit ans, elle exerce le métier de commerce ambulant dans sa circonscription.

Elle a commencé ce travail parce qu’ « elle a refusé de voir ses enfants mourir de la faim ». Elle raconte sa journée de travail : « Je me lève à 04h du matin et je vais réveiller ma voisine Médiatrice. Nous nous dirigeons vers le marché de Musaga pour aligner nos paniers. À cette heure, les vendeurs ordinaires ne sont pas encore présents. Le premier arrive à 06h30. Les veilleurs sont assez bienveillants pour nous ouvrir la grille et nous laisser entrer dans le marché avant 7h30-8h (les heures conventionnelles de travail). Ensuite, nous nous approvisionnons en aubergines, avocats, ananas,… Après, nous nous dispersons et prenons les routes des quartiers Musaga, Kinanira 3, Kinindo, Kabondo, Kanyosha, etc. »

Il n’y a pas de concurrence au sein du groupe de ces braves femmes. Si Évelyne vend des tomates, Médiatrice va vendre des bananes. Elles sont solidaires, si l’une d’elles tombe malade, elles s’activent pour lui rendre visite et s’il le faut, elles piochent dans leurs maigres revenus pour lui payer les frais médicaux. Même rituel lors de bonnes circonstances comme le mariage, la naissance d’un enfant, les baptêmes, etc.

Le centre-ville, destination interdite

La ville n’est pas du tout clémente avec les commerçants ambulants. La police se prête parfois à un jeu de cache-cache qui finit des fois en désolation, que ce soit pour les hommes ou les femmes qui transportent leur « business » sur leur tête. Pour aller vendre quoi que ce soit en ville, il faut s’inscrire auprès de la mairie, pour ensuite payer des taxes et enfin avoir un gilet et un numéro d’identification bien lisible. 

« Je ne peux pas me permettre de payer plus de 40.000FBu pour une histoire de formalités. Ce montant équivaut au capital de tout mon business. Je préfère faire de longues distances dans les quartiers espérant rencontrer d’éventuels clients », se lamente Jean Bosco qui vend les Ndagalas principalement dans les quartiers de Mutanga-Nord et Gihosha.

Eu égard à ces honnêtes gens qui peinent à nourrir leurs familles, il serait grand temps aux décideurs en charge de la gestion de la ville économique de leur faciliter la tâche ne fut-ce que pour la levée de l’interdiction de franchir les ponts menant au centre-ville et y exercer leur commerce en pleine quiétude.

Pour les vendeuses du quartier, il serait adapté de la part de l’administration de la commune dans laquelle elles exercent leur métier, de leur fournir un espace adapté à leurs moyens pour y étaler leurs agrumes.

Et pour reprendre Marcus Tullius Cicéro dit Cicéron, « Au métier qu’il connaît, que chacun se consacre. »

 

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