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Burundi : Covid-19, trois mesures supplémentaires pour se protéger

Dans une interview à la BBC, le porte-parole du président de la république a dit qu’à part les mesures préventives déjà prises, d’autres mesures seront prises quand il s’avérera que le pays est affecté par l’épidémie à des seuils comme ceux de l’Italie, Chine et autres pays d’Europe. Une fausse idée au moment où les pays limitrophes du Burundi sont déjà contaminés. Analyse.

Le Burundi fait encore figure de terre épargnée. Gloire à Dieu. Aucun cas de Covid-19 n’est enregistré jusqu’aujourd’hui. Alors que tous ses pays limitrophes ont déjà été touchés par le SARS-CoV-2 (RDC : 29 cas, Rwanda : 17, Tanzanie : 6), le pays ne devrait pas se comporter comme s’il vivait sur une planète à lui seul, mais profiter de cette manne du ciel pour redoubler d’efforts préventifs. Voici trois mesures qui devraient s’ajouter à celles déjà prises :

La fermeture des frontières, une nécessité

Attendre que le virus pénètre dans nos murs pour fermer les frontières, est une fausse idée selon les scientifiques. Selon l’OMS, fermer une frontière n’a de sens que si le danger est encore éloigné, en vue d’éviter la contamination intérieure. Une mesure encore possible au Burundi, vu qu’aucun cas n’a pas encore été enregistré.

Tenez par exemple. L’Ouganda était pareil à nous, avec zéro cas jusqu’au 21 mars. Le pays a pris toutes les mesures drastiques plus que nous, sans fermer les frontières, jusqu’à ce qu’un homme arrive dans ce pays le 21 mars avec la maladie.

Entouré de pays contaminés, avec des frontières poreuses, le risque pour le Burundi est donc grand. Si rien n’est fait à ce côté-là, le virus entrera tôt ou tard. Il faut donc oser, malgré les conséquences d’une telle mesure sur l’économie. C’est une question de survie. Il s’agira de fermer la vie, pour sauver la vie.

Un budget supplémentaire, une urgence

Faire face au coronavirus sans budget est carrément impossible. Du moment que les hôpitaux ayant un respirateur sont à compter sur les doigts, des fonds sont nécessaires pour l’approvisionnement suffisant des hôpitaux en oxygène, apporter de l’eau propre aux régions rurales et urbaines qui n’en ont pas, soutenir la Regideso pour qu’il n’y ait point de rupture d’eau, équiper les laboratoires des kits de diagnostics suffisants, des primes aux médecins et infirmiers si le virus venait à frapper le pays, etc . 

Le gouvernement devrait se réveiller pour proposer un projet de budget additionnel conçu pour faire face au Covid-19, et faire entrer l’Assemblée nationale dans la cadence. Au-delà des mesures de prévention, un plan de bataille contre le coronavirus est nécessaire. N’attendons pas d’être atteint pour réagir. 

Le confinement partiel, un entraînement

Presque en Afrique, l’heure est à l’isolement, voire au confinement. Laisser poursuivre les rassemblements des foules lors des cultes religieux, des réunions politiques, des matchs de football, etc., est une grave entorse aux règles de santé publique dans des situations pareilles. 

Le gouvernement devrait impliquer les responsables politiques et religieux, pour commencer à entraîner la population aux mesures de confinements pour répondre à l’OMS qui nous appelle à se réveiller et à se préparer au pire.

À crise inédite, réponse inédite. Sans contredire que le Burundi est encore épargné parce qu’il a donné à Dieu la première place, il serait suicidaire pour le Burundi de ne pas tirer les leçons de ce qui se passe ailleurs. Devant le rouleau compresseur du coronavirus, soyons sur toutes nos gardes car, uwutambana na mukeba ntakubita urugohe (celui qui danse avec l’ennemi se tient toujours sur ces gardes, ndr).

 

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