Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Coronavirus : pourquoi le Burundi devrait être aux aguets autant que les autres pays d’Afrique

Alors que la pandémie de Covid-19 a déjà toqué à la porte de 17 pays africains dont la RDC et le Rwanda limitrophes, voici six raisons qui expliquent pourquoi le Burundi doit être vigilant autant, voire plus que les autres pays d’Afrique.

Les élections, un facteur de risque

Quand la Covid-19 arrive dans un pays, la première mesure à prendre est l’interdiction des rassemblements. Or, dans deux mois, le Burundi aura des élections. Et qui dit élections, sous-entend campagne électorale avec autant de monde dans les stades et autres lieux de rassemblements. Et le jour des élections, il y aura des millions de Burundais sur les files d’attente dans les lieux de vote. Si le coronavirus venait à entrer dans le pays, à voir sa rapide propagation, il serait extrêmement difficile dans ces conditions de stopper la propagation de ce virus. Et la solution serait de repousser l’échéance électorale, ce qui risquerait de troubler le pays plus que le coronavirus, vu la fièvre des Burundais pour ces élections.

La corruption, un talon d’Achille

Dans un pays corruptible comme le Burundi, le respect des mesures de confinement est douteux. Le pays a été classé 170ème en 2018 et 165ème en 2019 sur 180 pays évalués. Face à cette corruption grandissante, vu qu’on doit passer 14 jours en confinement, il est difficile de croire que le confinement de toutes les personnes quittant l’aéroport vers l’hôtel source du Nil sera respecté. Cette faille peut nous coûter cher si une personne contaminée échappait à ce confinement par corruption. Donc, à chacun de prendre le taureau par les cornes, spécialement aux policiers du lieu de confinement, aux gardes des frontières et au personnel de l’aéroport Melchior Ndadaye.

La qualité du système de santé, un défi

Selon l’OMS, le coronavirus est une menace dangereuse dans les pays pauvres, par crainte qu’ils ne soient pas en mesure d’y faire face. Une catégorie de pays dans laquelle appartient le Burundi, il est même le deuxième le plus pauvre au monde. Les deux centres disponibles pour le traitement des malades et le Centre de traitement des maladies de caractères épidémiques de Mudubugu avec 24 lits seulement, ne sont pas suffisants. Selon un épidémiologiste sous couvert d’anonymat, le personnel médical qualifié dans la prise en charge fait défaut, les robinets d’eau installés ne contiennent pas tous du chlore, pas de matériels de protection de pointe pour limiter la contagion des médecins, etc. Ngo « uwufise umutwe muto awurinda ikiguma » (celui qui a une petite tête la protège des plaies, ndrl), le pays doit se préparer.

Des mesures préventives à améliorer

Tout en saluant les mesures de détection à l’arrivée des voyageurs à l’aéroport, quid des autres points d’entrée vu le caractère poreux de nos frontières ? Des mesures de confinement sont en vigueur, mais concernent seulement les personnes venant ou ayant transité dans les pays à risque. Or, le contact avec un contaminé dans l’avion ou dans les autres aéroports lors de l’embarquement, exposent tous les voyageurs. Quid de la protection de ceux qui transportent ces voyageurs ? Autant de questions pour interpeller la vigilance des ministères de la Santé et de la Sécurité publique.

Le poids de la culture

Comment faire comprendre aux personnes que certaines règles de l’étiquette doivent être oubliées dans ces circonstances ? La poignée de main, les embrassades, tout cela est à limiter, voire à prohiber tant que cette menace, très sérieuse, plane au-dessus de nos têtes. Il est temps de mettre en branle la machine de la communication, associer les leaders des communautés, les leaders religieux et appeler à limiter les rassemblements publics.

Le confinement, une mesure irréalisable ?

Certains pourraient se dire que, si par malheur nous sommes touchés, la maladie pourrait être combattue de l’intérieur. Alors que la plupart des Burundais vivent du jour au jour, serait-il possible de mettre en quarantaine ne fut-ce que quelques jours une région ou un quartier ?

Comment approvisionner les gens ? Comment s’assurer que les confinés respectent cette quarantaine ?

Ce n’est pas un exercice pour créer la panique. L’interpellation est pour tout un chacun d’observer rigoureusement les mesures d’hygiène, notamment le lavage des mains à l’eau chloré ou au savon, éternuer dans le creux de la coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, et être responsable.

 

Quitter la version mobile