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Burundi : Covid-19, entre craintes et spéculations

La pandémie Covid-19 qui sévit actuellement dans le monde entier a instillé la crainte partout, le Burundi y compris. Entre mesures de protection et spéculations autour des produits de prévention de la maladie, des habitants se plaignent alors que les commerçants s’en donnent à cœur joie… 

Bujumbura, jeudi 19 mars 2020. Au centre-ville, les gens commencent à adopter certaines mesures pour se protéger de la maladie à coronavirus dite Covid-19, pour reprendre la dénomination anglophone. Au lieu de la main tendue, certains se donnent le coude. Mais il y a d’autres qui s’embrassent encore. Le Burundi n’a encore enregistré aucun cas de coronavirus à ce jour. Donc, un peu de tranquillité. Mais le Covid-19 inquiète ici comme ailleurs. Et comme elle n’a pas encore de traitement, le meilleur moyen est de se protéger. 

À côté des lavages des mains à l’eau et au savon, de la distanciation d’au moins un mètre entre deux personnes ou encore le fait de tousser dans le creux du coude si tel est le cas, il y a les masques et autres désinfectants. Il faut donc s’en procurer pour mieux se protéger. Mais, ces derniers jours, ces produits ne sont pas faciles à trouver dans la capitale économique.

Des denrées rares mais surtout chères

Pour trouver un masque et/ou un désinfectant actuellement, il faut mettre la main dans la poche. Là, c’est quand t’es chanceux car, « nous n’avons plus de masques dans nos stocks », m’a dit ce jeudi soir un délégué médical d’une des pharmacies de gros à Bujumbura. Il faut dire que plusieurs personnes se sont ruées vers ces lieux habituellement connus pour vendre des médicaments pour se procurer de ces protections. Coronavirus oblige. I.A. a acheté mercredi un désinfectant. Un petit flacon à 3500Fbu. « J’aurais voulu acheter des masques mais c’était trop cher. Je ne pouvais pas me procurer un carton à 47 500Fbu », se lamente-t-elle.

« Actuellement, un carton de masques de 50 pièces s’achète entre 75000 et 80 000 Fbu selon les pharmacies. Elle s’achetait avant autour de 14 000 Fbu » poursuit le délégué. Une augmentation de plus de 500% ! Cela alors qu’un petit flacon de désinfectant hydro alcoolisé qui s’achetait 2500Fbu avant s’achète actuellement entre 3500 et 4500 Fbu ; alors qu’un plus grand de 500 ml s’achète autour de 18000Fbu contre 9500 Fbu  avant ! 

Des produits qui augmentent de prix alors que ceux qui les achètent le font plus par crainte que par besoin.

On n’a pas tous besoin de masque !

Comme nous le rappelle l’OMS, pour se protéger contre le Covid-19, il faut surtout adopter les règles d’hygiène classiques : bien se laver les mains à l’eau et au savon et le faire souvent, éviter les attroupements, tousser dans le creux du coude, éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche…les masques, c’est surtout pour les personnes déjà malades et le personnel soignant qui sont plus à risque de transmettre la maladie et/ou d’être contaminés ! Les personnes sans symptômes n’en ont pas besoin. Les masques ne font d’ailleurs pas partie des gestes barrières recommandés par l’OMS.

Que les choses soient claires. Si tout le monde continue à se ruer vers les pharmacies pour se procurer des masques, on n’en aura plus, comme c’est le cas ailleurs, au plus grand malheur de ceux qui en auront le plus besoin : les malades et le personnel soignant, si la maladie devait arriver au Burundi. Il nous faut dont une bonne implication de tout un chacun, mais surtout un sursaut des pouvoirs publics quant à la gestion de cette pandémie. 

Si le ministère de la Santé a dit ce mercredi « mettre en garde les commerçants et propriétaires de pharmacies qui commencent à spéculer sur les produits de désinfection et de lavage des mains », ce n’est pas suffisant au vu des spéculations autour de ces produits de protection. Il faut une surveillance en urgence de la commercialisation de ces produits et pourquoi pas une réglementation, à l’image des autres pays, pour ce qui est de l’accès à ces produits mais aussi et surtout, ce qui est des prix qui flambent à tout-va ! Sinon ce sera peut-être l’heure « des mesures très sévères » que promettait le ministère.

 

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