À la fin de l’année scolaire, un élève a 40 % en Maths, 45 % en Français, 70 % en Éducation Physique et Sport et 80 % en Éducation. Comme il n’a pas d’échec en Éducation, il avance de classe ou, tout simplement, il a son « Diplôme » ! Mais a-t-il vraiment réussi, au sens pédagogique du terme ?
La conception qu’on se fait de certains élèves globalement forts en « Sciences », en « Lettres », en « Sports », etc., n’est pas toujours une bonne louange. En effet, un sujet très fort dans une matière, mais faible dans presque toutes les autres matières n’est pas un bon élève. C’est ce que l’on appelle un « idiot savant » qui ne sait rien en dehors de son domaine. En général les « fort en ceci » et « nul en cela » ne sont pas de bons élèves. On est ravi d’un côté, et désolé de l’autre. Ils ne sont pas équilibrés. Un bon élève doit être bon partout. Ce que les Classiques appelaient « Honnête homme ».
Pour eux, on ne doit pas dire de ce dernier qu’il est mathématicien, mais qu’il est honnête homme, une qualité universelle qui plaît toute seule. Ainsi le système des « Humanités Générales » que nous avons connu : base commune, Tronc Commun, solide et orientation pour spécialisation. Tout le monde devait comprendre la base scientifique de tous les domaines. Les Séminaires étaient particulièrement rigoureux dans l’application du système : il n’y avait pas de délibération et on devait réussir tous les cours. On voulait des gens « bons » dans toutes les matières. Le système produisait de bons élèves.
Un peu de tout
Mais, comme disait Blaise Pascal, puisqu’on ne peut pas être universel en sachant tout ce qui doit se savoir sur tout, il faut savoir un peu de tout. En effet, il est bien plus intéressant de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une seule chose. Cette qualité est plus universelle car plus équilibrée. On n’est dépaysé dans aucune matière.
Évidemment, il aurait été mieux de savoir tout sur tout. Mais si on devait choisir, on choisirait d’être bon partout, la fameuse « tête bien faite ». C’est vrai qu’il faut de purs savants pour des inventions de pointe, mais la société a besoin davantage d’honnêtes hommes qui puissent s’accommoder à tous ses besoins. Des savants idiots, ils manquent de cœur, on n’en ferait même pas des amis. Et la vie est plus commode avec d’honnêtes hommes, plus humains qu’avec de savants idiots.