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Ce jour où les élèves d’un lycée de Bujumbura ont subi une drôle de fouille…

Habitués à la fouille des téléphones portables par leurs encadreurs, les élèves du Lycée Municipal de Rohero ont eu droit à une inhabituelle fouille et perquisition un certain vendredi 29 novembre 2019, fouille effectuée par des agents du ministère en charge de l’éducation. Pour quel motif ?

L’avant-dernière séance de 45 min vient de sonner. Quelques élèves s’activent pour aller au sport, les autres se lamentent de l’interrogation non avertie qu’ils viennent d’avaler, d’autres affichent un regard vide. C’est autour de 12h30, le week-end se profile à l’horizon. Alors que l’agitation bat son plein au sein du Lycée, le portail principal est fermé sous l’œil vigilant des instituteurs et encadreurs : la Direction vient de recevoir l’ordre, émanant des agents du Ministère, de garder tous les élèves dans les salles de classes pour une « petite fouille de routine ». Les élèves sont tous tenus de rester en classes et attendre. C’est ce qu’ils appellent un temps-libre, il n’y aura pas de sport.

À 15h pile, une équipe de cinq personnes débarque, munie de cartons et faisant le tour dans chaque classe, les élèves s’étonnent en même temps que leurs enseignants. « J’espère qu’ils nous ramènent des dons de la part de l’UNICEF », lâche un élève qui se désaltère sur le robinet de l’école.

 Dans la classe…

Rangée par rangée, les élèves sont ordonnés de quitter les bancs en laissant les cartables dans les pupitres, c’est alors qu’ils commencent à constater que la visite inattendue ressemble à une fouille. À première vue, ils espèrent que ces messieurs viennent pour chercher des téléphones portables mais les tricots, les chapelets, les peignes, les coupe-ongles, les pagnes, leur sont retirés. 

« Vous ne devez rester qu’avec du matériel scolaire, rien que ça ! L’école n’est pas un marché ou tout trimbaler », sera la seule phrase que ces élèves auront comme explication de la part de l’un des « fouilleurs » du Ministère. L’équipe du Ministère emporte tout dans des cartons et s’en va. 

À comportement de mouton, réaction de berger

Étonnements, questionnements et frustration se lisent sur les visages des élèves fouillés. Ils n’arrivent pas à comprendre ce qui vient d’arriver. Du côté des encadreurs, même chose. Mais eux, comme ils sont dotés d’un certain sens critique, ils analysent. « À quoi vont servir les peignes et les coupe-ongles saisis par les agents du ministère de l’éducation ? », se demande d’un air railleur un encadreur. « Cet ordre de fouiller les élèves émane-t-elle du ministère ayant en charge l’éducation ou celui de la sécurité publique ? »,  glisse un autre.

Du côté de la Direction, elle promet de ne pas réagir immédiatement, mais qu’elle donnera des explications après consultation avec le Ministère. « L’essentiel pour le moment est de tranquilliser les élèves et leur souhaiter un bon week-end », fera savoir un membre du corps professoral.

Admettons que cette idée provienne du Ministère de l’éducation, de la formation technique et professionnelle ou du Ministère de la sécurité publique, quel intérêt y a-t-il à fouiller de fond en comble les salles de classe pour ensuite emporter de simples articles des élèves ? Je ne saurais vous le dire. Ou bien alors, ils espèrent un jour trouver un AK-47 ou une grenade assourdissante dissimulée dans un cartable d’un élève qui peine à gravir les échelons de l’école fondamentale ? L’histoire nous le dira.

 

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