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Au Burundi, les rébellions, c’est aussi dans l’histoire ancienne

Il y en a peut-être qui pensent que les rébellions au  Burundi concerneraient l’histoire récente. Eh bien, détrompez-vous. Le Burundi précoloniale y a aussi « goûté ». Focus ici sur les principales rebellions contre le pouvoir de Mwezi Gisabo.

Malgré la puissance des rois et leur caractère surnaturel, il arrivait que leur pouvoir soit contesté, des fois même par des étrangers  au clan royal. Vous vous souvenez sans doute de ce conflit Twarereye-Mwezi Gisabo lié à la succession de Ntare Rugamba. S’il a vu périr le camp Twarereye à Nkondo (Kiganda), il n’a pas été cependant sans donner des ailes aux autres contestataires, des opposants qui cherchaient à dénoncer eux aussi un Mwezi « usurpateur » du pouvoir. Mis à part Kilima et Maconco, la tradition a retenu cinq de ces rebelles. C’est du moins ce que fait savoir l’historien Emile Mworoha.

Il y a eu notamment un certain Rwoga qui dans les années 1870 avec l’appui de certains princes Batare, menaça gravement le pouvoir de Mwezi Gisabo au sud du pays. 

C’est aussi le rebelle Kibango qui surgira plus tard dans les années 1890 au nord du pays. Réputé pour ses pouvoirs magiques et la terreur qu’il inspirait aux chefs fidèles à Mwezi, il fut surnommé Makaza, une bête sauvage en quelque sorte.

Il ne faut pas aussi oublier le nommé Rwerekanabirenge qui se rebellera au nord-est, Bihinda à Banga dans l’actuelle province de Kayanza ainsi qu’un certain  Biroro (début des années 1890) qui défiera le pouvoir de Mwezi au sud de la plaine de la Rusizi.

Mais surtout…

De tous les rebelles contre Mwezi, deux sont restés célèbres. Comprenez ici Kilima et Maconco. Le premier, c’est Mworoha qui l’écrit, était originaire du Bushi et prétendait être l’héritier du trône. Il  se disait issu de l’union entre Ntare Rugamba et sa mère Nyamvura lors de l’expédition du souverain burundais au Bushi. 

Grâce à des armes achetées aux soldats révoltés de la Force Publique de l’État Indépendant du Congo, Kirima conquerra le nord-ouest du pays (Imbo, Nkiko). Sa stratégie ? Distribuer de la viande et faire croire qu’il a la puissance de multiplier les  récoltes. Avec succès, car il fut suivi par les populations de ces régions qui n’hésiteront pas à le proclamer roi. Mwezi Gisabo tentera de le déloger, en vain. Au contraire, il sera reconnu comme roi par les Allemands au début du XXème siècle qui l’appelaient d’ailleurs le petit Mwezi, en référence sans doute au grand Mwezi Gisabo.

Maconco, le second. Du clan des Benengwe, il est gendre de Mwezi quand il tombe en disgrâce avec lui des suites d’une histoire de chien, Rurebeya ou Mushuzo, c’est selon. Un Rurebeya qui,  contrairement à ce que croit l’opinion, appartenait à Maconco mais fut réquisitionné par le roi. C’est donc un Maconco qui ne l’aurait pas digéré et qui fera vite d’entrer en rébellion. En plein début de la colonisation avec sa politique de divide et impera, le rebelle aura le soutien des Allemands, en l’occurrence celui de Von Beringe, alors chef de la station militaire d’Usumbura.

Un soutien qui ne durera pas

Malheureusement pour eux, après le traité de Kiganda qui en quelque sorte  consacrait le pouvoir des rebelles Kilima et Maconco, le successeur de Von Beringe, un certain Von Grawert (résident de 1903 -1909) ne sera pas tendre avec le camp rebelle.

Dans ce qui peut être perçu comme un retournement, cet Allemand, qui avait  reçu l’ordre de protéger le roi, tuera Maconco le 15 mai 1905 à Usumbura après l’avoir arrêté dans son territoire de Muramvya. L’année suivante, c’est un Kirima qui sera arrêté à Mbirizi au Rwanda en avril 1906 et qui sera déporté à New Langenburg au Malawi.

Il ne restait donc qu’à Mwezi Gisabo de restaurer son autorité le 8 octobre 1905, aidé par le capitaine Von Grawert aux dépens des chefs rebelles. 

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