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Ngozi, 100 ans et pas une ride

Ce samedi 29 février 2020, ma belle ville de Ngozi a célébré son centenaire. Nombreuses sont les réalisations qui ont été effectuées. Cependant, comme on dit chez nous, « nta nyambo itabura agahonzi ».

Cent ans, et justement un siècle. Un siècle de vie, active ou  pas. Un siècle riche en événements, aussi bien tragiques qu’heureux. Une raison effectivement valable de festoyer. Aujourd’hui, toute ta maisonnée est née entre tes mains hospitalières. Tu les as bercés. 

Mais, contre ta réputation, l’histoire nous révélera que tes débuts ont été hésitants et hasardeux. Elle nous apprendra que tu as profité du point faible de ton rival, la plaine de Mivo, dont le seul défaut, malgré son nivellement laudatif, a été d’exceller en la présence de moustiques. Un ouf de soulagement pour toi et ta progéniture !  

Du Mwami à l’actuelle république, tu auras tout vu, entendu et réalisé. Avec trois quartiers dont Majengo, Berechi et Swahili, tu as marqué une solide fondation, en 1920. Et tu devras un nom  aux commerçants arabes ambulants, te vendant comme peau de gros et petit bétail, « ngozi » en swahili.

À cent ans, en principe, on est déjà éteint. Sinon, on est en train de vivre ses derniers moments, aspirant et candidat à la mort. Cependant, toi, au contraire, tu te revigores de plus en plus, du jour au lendemain. Au lieu de rides sur ton front, te voici rajeunie, fringante et entourée : palais présidentiel, bureau provincial, communal, cour d’appel, BRB,  tribunal de grande instance, la cathédrale, marché, des quartiers multiples aux voies de communication pavées, écoles, terrains de jeux, … De plus, tu as toujours gardé les tiens, un camp militaire et un commissariat de police siègent à ta droite. Et que sais-je encore !

Le revers de la médaille !

Malgré tes efforts, cent ans consentis, ma belle, des « ingrats », qui restent à leur soif, parmi les tiens, ne manquent pas. « Cent ans durant, la ville de Ngozi reste impropre. Les gens se soucient peu de la propreté de leurs alentours. Pas de poubelles publiques, les sachets et bouteilles plastiques déambulent devant les magasins, les bars, le marché, la rue,… pour terminer leurs trajets dans des rigoles », se plaint Karorero, un de tes enfants, pointant du doigt les autorités administratives qui, selon ce citoyen, devraient donner des injonctions aux administrés afin de garder la ville propre.

Hormis ton état sanitaire mis en cause, ma ville, les autres enfants de tes entrailles te reprochent deux maux qu’ils jugent incurables : l’obscurité grandissante et le « couvre-feu ».

« Il y a des quartiers où il fait peur d’y passer la nuit. C’est l’obscurité totale. Même des bandits commencent à en profiter pour délester les passants de leurs biens, profitant de cette obscurité », se lamente Germain de Gisagara. « Ce qui est pire, c’est que l’appel de l’administration d’éclairer chacun chez soi n’est pas respecté. Et sans suite. »

Quant au « couvre-feu », alors que le marché central ferme ses portes à 17 heures 30 minutes, au-delà de 22 heures, aucune boutique n’est ouverte. « Pour une ville ancienne comme celle-ci, on devrait travailler jour et nuit, 24 heures sur 24.»

Et si tu comblais les doléances des tiens en ce jour d’anniversaire, Chère Ngozi ?

 

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