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Analyse

La banque agricole et la banque pour les femmes sont-elles nécessaires ?

Au mois d’octobre de l’année dernière, lors de la conférence des femmes leaders tenue à Bujumbura, le gouvernement du Burundi a révélé son plan de création d’une Banque pour les femmes. Cette banque féminine vient s’ajouter à la banque agricole en veilleuse depuis quelques années. 

Deux questions méritent d’être posées : est-ce que ces deux banques ne visent-elles pas à résoudre un seul problème ? La Banque agricole est-elle nécessaire au Burundi ? D’après l’étude de la FAO, la femme burundaise fournit l’essentiel de la force de production dans le secteur de l’agriculture. Elles s’occupent en majorité des activités champêtres : le labour, le semis, le sarclage, la récolte, le transport, la conservation, la transformation et la commercialisation des produits agricoles.

Selon cette étude, 97,4% des femmes en âge d’activité travaillent dans ce secteur qui reste l’activité dominante de l’économie burundaise et qui rapporte, en valeur ajoutée, plus de 50% du PIB et 95% de l’offre alimentaire. Ces indicateurs montrent que la banque agricole permettra à ces 97,4 % des femmes d’avoir accès au financement pour accroître la production agricole. 

Deux banques créées pour un seul problème ?

Cependant, créer une banque pour les femmes serait d’abord pour  subvenir aux besoins financiers des femmes rurales majoritairement agricultrices. Ainsi, la création d’une banque agricole ne serait pas nécessaire. Car la banque pour les femmes résoudra le problème des 97,4% des femmes rurales et vice-versa. Voilà pourquoi les deux banques poursuivent les mêmes objectifs. Créer les deux banques serait un gaspillage de ressources.

Depuis 2012, les agriculteurs regroupés dans la Confédération des Associations des Producteurs Agricoles pour le Développement (CAPAD) du Burundi, réclament la création d’une banque agricole au Burundi. Nulle n’ignore que le manque d’accès au crédit agricole reste un handicap majeur pour l’augmentation de la production vivrière au Burundi, à cause des taux d’intérêt très élevés oscillant autour de 24% pratiqués par les banques commerciales locales et 36% dans les microfinances. Les prêts proposés par les banques commerciales sont échelonnés à court terme avant même les récoltes, une situation qui pousse les agriculteurs regroupés en coopératives à tomber en faillite.

Face à cette situation, la réclamation d’une banque agricole est fondée. Tout le monde s’accorde qu’elle servirait à accroître le développement agricole, et à donner à l’agriculteur et son métier une véritable place dans la vie économique et alimentaire notre pays. 

Aucune d’elles n’est nécessaire 

À mon humble avis, en tenant en compte les dépenses à effectuer pour s’occuper de la logistique, la localisation de la banque et de ses succursales, la création de cette banque n’est pas nécessaire. Le secteur agricole n’aura pas une croissance extraordinaire juste parce qu’on a créé une banque. Par ailleurs, l’État dispose déjà d’une Banque Nationale de Développement Économique (BNDE). Il n’est pas nécessaire d’en créer une autre. 

Il faut plutôt procéder à la création d’un fonds d’investissement au profit du secteur agricole qui jusqu’ici, n’arrive pas à bénéficier suffisamment de crédits. La gestion de ce fonds pourrait être confiée à la BNDE. Cette institution publique est expérimentée dans la gestion des portefeuilles de crédits importants et diversifiés. En outre, la gestion de ce fonds pourrait être confiée à une banque commerciale locale qui en a la capacité.

 

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