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Bistrots fermés à 21h : les cabaretiers broient du noir

Le Maire de la ville de Bujumbura a pris en novembre dernier une mesure fixant les heures d’ouverture et de fermeture des bistrots à Bujumbura. Si les tenants des bistrots se lamentent, d’autres nuancent …

Samedi. Pour les inconditionnels du ballon rond et surtout ceux qui suivent les championnats européens, c’est jour de match. Et rien n’est plus beau que de regarder un match de son équipe favorite entre copains. Et l’endroit idéal pour cela est le plus souvent les bars qui retransmettent en direct ces moments tant prisés par les amoureux du foot. « Qu’est-ce que c’est beau de regarder son équipe gagner tout en sirotant un verre entre amis », s’exclame Arnaud, rencontré dans un des bars du Nord de la capitale économique. On est dans le quartier Kigobe.

Ce jour-là, le match a lieu à 16h, pour le grand plaisir de notre ami et de ses copains. « Nous pouvons le regarder ensemble autour d’un verre, ce qui n’est plus le cas si le rendez-vous est dans les heures tardives », disent-ils. Cela depuis que la mesure du Maire oblige les bistrots d’ouvrir à 17h et de fermer à 21h les jours ouvrables et de 13h à 21h les week-ends. « Je n’ose même pas imaginer regarder un match comme un classico ou un autre match alléchant à la maison si cela tombe après 21h », se désole Arnaud qui regrette que cette mesure va le priver d’« un moment de liberté et de joie de vivre ».

Lamentation chez les commerçants

Dans ce bar, c’est les jours de match et les week-ends qu’ils gagnaient beaucoup d’argent. Mais depuis la mesure, les choses ne sont plus comme avant. « Il y a des  gens qui venaient en groupe regarder un match et qui poursuivaient leurs conversations même après et payaient un peu tard dans la soirée une somme conséquente. Maintenant, quand à 20h passées tu commences à leur dire de payer et de regarder l’heure, c’est comme si tu foutais en l’air leur plan de la soirée et ce n’est bon pour personne », explique le gérant de la place qui poursuit : « Il en est de même les week-ends où parfois les gens passaient prendre le verre d’après fêtes pour évaluation, mais actuellement, ils viennent et nous trouvent entrain de fermer ».

Même s’il refuse de parler en termes de chiffres son manque à gagner, l’ « indécence » de parler de son revenu ici comme ailleurs obligeant, il avoue qu’actuellement il ne réalise qu’à peine la moitié de ce qu’il gagnait avant la mesure !

Autre quartier, même situation

Nyakabiga, 21h. Dans un des bistrots situés dans ce quartier du centre de Bujumbura, à ce moment-là, on ferme « pour ne pas subir le même sort que ceux qui n’ont pas respecté la mesure du Maire ». Et entre deux coups de porte, le responsable nous lance : « Ntitugikora ni uruhombo gusa » (nous ne travaillons plus, c’est pure perte seulement, ndr) avant de lâcher : « C’est normalement vers 21h que les personnes commencent vraiment à boire surtout les week-ends et on nous demande de fermer ! ». 

Mais pour lui, ce n’est même pas le plus révoltant. « Ce qui me chagrine le plus, c’est qu’il y a certains bars qui, moyennant des affinités, un pot-de-vin ou je ne sais quoi encore avec certains policiers, continuent de travailler après 21h alors que nous autres sommes clos », dit-il d’un air révolté.

Une mesure pour la santé

Si le Maire a expliqué que la décision avait été prise « comme une mesure d’ordre économique et sanitaire pour les familles et les individus », et bien ce n’est pas Pierre Nduwayo qui dira le contraire, du moins au niveau de la santé, car côté économique, il nuance : « Il y a des retombées négatives avec cette décision car, et les commerçants y perdent des recettes, et l’État y perd des taxes », dit-il.

Ce président de l’Association Burundaise des Consommateurs dit qu’ « en tant qu’association des consommateurs, ils plaident toujours pour que les gens diminuent leur consommation d’alcool pour leur bonne santé et cette décision du Maire va dans ce sens : moins les bistrots sont ouverts, moins les gens s’adonnent à l’alcool et il y aura donc moins d’effets néfastes sur la santé et donc nous ne pouvons que nous en réjouir », dit-il.

Il propose d’aller plus loin en interdisant carrément par exemple aux enfants de moins de 18 ans d’avoir le droit de s’acheter des boissons, mais, conseille-t-il : « Avant de prendre toute décision, il faudrait que tous les intervenants se concertent, échangent et décident ensemble, c’est ce qui fait les bonnes décisions qui seront facilement mises en application ».

 

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