Chère 2019, je prends cette plume pour me lâcher, enfin. Tu ne le sais peut-être pas, mais tu m’as fait souffrir. J’aurais envie de te dire que tu as été une année de cauchemar, et sûrement que ça te ferait plaisir.
2019, l’année des épreuves qui s’enchaînaient, de pire en pis, sans me laisser le temps de reprendre mon souffle, comme un avant-goût du purgatoire.
Chère 2019, avec toi, j’ai appris, puis utilisé à longueur d’année, ce mot , que j’ai appris à honnir comme toi, « l’intolérance politique ». Un mot pour expliquer l’impensable, un mot pour essayer de comprendre pourquoi des gens s’attaquent à du bétail, ou à des champs.
Et au nom de ce maître-mot, Kirundo, Ngozi, Muyinga, Karuzi, Cibitoke et Gitega ont été émaillés par des affrontements. Résultat : des morts et des blessés.
Le très froid et le très chaud
Je ne saurai être exhaustif. Mais je ne peux pas oublier mes frères qui sont portés disparus. Où sont Emmanuel Ndayishimiye, Olivier Ndayishimiye, Térence Manirambona, Dieudonné Nduwayezu et Berchmans Misago ?
Le silence autour de leur disparition fait peur, tout comme la clameur des déflagrations. Parce que oui, tu m’as fait vivre la peur suite aux coups de fusils qui ont retenti à Musigati. Résultat encore : des vies humaines ont été fauchées. Dommage.
Ô div…infernale pluie
Au début de décembre, au moment où je commençais à espérer que tu allais me laisser un peu de répit, les coups traîtres n’ont fait qu’augmenter. Suite aux pluies torrentielles, 26 personnes sont, tu t’en rappelles, décédées. Sept ont été grièvement blessées, d’autres sont toujours portées disparues en commune Mugina de la province Cibitoke.
21 décembre 2019, tu as enfoncé le clou. Tu as remué le couteau dans la plaie. 15 morts, 45 blessés, et plusieurs maisons sont inondées par les pluies torrentielles.
Le diable dans la poche
Chère 2019, saches que tu as même failli pour porter un coup fatal à mon portefeuille. Les prix ont monté et les devises se sont raréfiées. Tu m’as éprouvée à plusieurs reprises et à tous les niveaux.
Ma chère 2019, pour toute la souffrance que tu m’as fait endurer, je pourrais te haïr. Heureusement, je ne te rencontrerai plus. Qu’importent les épreuves que tu m’auras fait vivre, le nombre de fois que tu m’auras fait rouler dans la poussière et dans la boue, jamais je n’ai abandonné et jamais je ne le ferai. Et cela vaut pour toi aussi, 2020.