«Dans une campagne électorale, il faut aller chercher les électeurs avec les dents. », disait un dignitaire politique. Ici-bas, nul n’est censé ignorer que quand une période électorale approche, elle vient avec son lot de surprises, de mésaventures, de revirements. L’État du Bouma, lui aussi fait partie de ces pays très sensibles à l’urne. Fiction.
L’histoire se déroule à Gibonou, une des 5 provinces du Bouma. Nous, les jeunes entrepreneurs, avons le privilège de partager un repas avec le Gouverneur de province, le directeur provincial de l’enseignement et un chef d’entreprise à l’occasion de la fête du travail. Petit à petit, les discussions prennent une allure beaucoup plus informelle. (Et c’est très bien pour moi qui n’aime pas trop les allocutions et les protocoles !!). On mange, on se taquine, on rit. L’ambiance est bonne. Bien évidemment, aux yeux de ces grands messieurs, je suis le benjamin à qui tout le monde peut se confier pour aller lui ramener une nouvelle bouteille de bière. Je m’exécute sans grognasser.
À mon énième tour vers le bar, je suis interpellé par le sujet qu’ils traitent : mes élections. Cette période que les médias du Bouma ne se lassent pas d’appeler « cruciale ». Ces notables improvisent une table ronde et abordent ce sujet d’une façon assez ludique, du moins, assez compréhensible pour moi.
« Lorsque les élections collinaires approchent, ça chauffe de partout. Les militants de tout parti politique affermis, s’entraînent farouchement au niveau des discours, composent des chants burlesques, font floquer des habits aux couleurs de leurs partis respectifs, bref tout est orchestré dans les moindres détails pour bien cerner les méninges du petit peuple. C’est facile à faire : il suffit de leur donner plusieurs litres de vin fabriqué sur la même colline et ils adhèrent tout de suite à ta cause. Là, tu peux être sûr d’avoir la majorité au suffrage », dixit M. le directeur provincial de l’enseignement, sans aucun remord. Je me dis tout doucement qu’il doit y avoir quelqu’un qui va donner un avis plus raisonnable. Mon œil !
Voir loin !
L’avis de M. le Gouverneur est le summum de tout ce qui a été dit avant. Il y va direct : « Vous savez qu’ici à Gibonou les administrateurs des communes sont devenus ingérables ! Celui de Khatho m’a clairement signifié qu’il se prépare et appelle ses collègues à se préparer davantage pour la retraite anticipée dans exactement cinq mois, c’est-à-dire la période où le petit peuple aura de nouveau le droit d’évaluer et d’attribuer une note sur les cinq dernières années voire les dix dernières années que notre régime politique est aux affaires de l’État.»
Quand les admicom disent qu’ils se préparent pour la retraite, ça ne présage rien de bon. Ils imposent de nouvelles règles de jeu. La taxe et l’impôt deviennent des tributs qui leur sont versés par quiconque veut exercer une activité économique au sein de la commune. « D’ailleurs, peu importe la nature du service que tu veux que la commune te rende, il y aura un montant à payer. Préparez-vous à cela », poursuit-il.
Ce cas (qui n’est pas) isolé en dit long sur la réalité qui prévaut à Bouma au grand désarroi du peuple. Bien que cela relève d’un script d’un feuilleton, il y a des citoyens qui en paie les frais et pas des moindres. Tout cela ne devrait-il pas faire objet d’un script de réalité virtuelle et non du quotidien de pauvres gens ?