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#NtaKoriMuKwezi : ces pays où il fait plus digne de vivre ses règles

En matière d’assouplissement du fardeau économique lié aux serviettes hygiéniques, les pays qui font figure de bon élève ont tout de même emprunté des voies différentes. Qui sont-ils ? Entre détaxation, réduction des taxes et distribution gratuite, quel pays a fait quel choix ? Découverte.

Une calculette de la BBC publiée en 2017 aboutissait à un coût moyen des protections périodiques de 1550 livres (environ 3 500 000Fbu) pour une femme tout au long de sa vie. Et celle réalisée par le journal Le Monde en France aboutissait, même avec une estimation basse des dépenses supplémentaires, à un coût qui avoisinerait 100 à 150 euros (de 200 000 à 300 000Fbu) par an, soit 10 euros pour chaque période de règles.

Au Burundi, selon les estimations d’un confrère, avoir ses règles coûterait plus de 5 millions de FBU dans la vie d’une femme burundaise. Il est à noter que tout le monde ne peut se payer ces dépenses pour l’hygiène menstruelle qui peuvent représenter jusqu’à 5% du budget d’une femme selon toujours Le Monde. Un terme, précarité menstruelle, nous est même né pour fustiger cette « dépense de plus qui vient miner le pouvoir d’achat et qui ne peut pas être contournée ou différée ».

En cause, ce sont entre autres les taxes appliquées aux produits menstruels. En France et en Angleterre par exemple, les protections hygiéniques, indispensables aux femmes, étaient classées dans la catégorie des « biens non-essentiels, de luxe« , et étaient soumises à ce titre à une TVA (taxe sur la valeur ajoutée, ndlr) de 20% selon la réglementation de l’UE. Un taux qui variait entre 13%  et 23% dans toute l’UE, jusqu’à même 27% en Hongrie. Certains parlaient carrément de sexisme, jugeant discriminatoire cette imposition sur un produit essentiel pour les femmes.

C’est donc dans un contexte de cherté des serviettes hygiéniques, mais aussi de lutte contre une injustice sociale que des pays ont tenté des approches de solutions : détaxations, réduction des taxes, remboursement par les mutualités, certains allant même jusqu’à la distribution gratuite.

Détaxation dans certains pays…

En Afrique, c’est le Kenya qui a pris les devants en supprimant la « taxe tampon » depuis 2004 parce qu’elle rendait les produits chers et que cela empêchait bon nombre de jeunes filles de se rendre à l’école. Actuellement, il en est à la distribution gratuite.

C’est le cas aussi en Afrique du Sud où, selon le ministre des Finances, « cette abolition des taxes sur ces produits bénéficie aux ménages à faible revenu et redonne de la dignité à nos gens ».

Dans le vieux continent, c’est l’Irlande qui a été pionnière dans ce domaine en supprimant les taxes sur les produits hygiéniques avant-même que l’UE ne mette en place des taux minimum. Aux États-Unis, après le Marylandle Massachusetts, la Pennsylvanie, le Minnesota et le New Jersey, c’était autour de l’Etat de New York , en 2016, de supprimer cette « taxe tampon » jugée sexiste car s’appliquant aux protections périodiques considérées à tort comme des produits de luxe. Le Canada, et pour les mêmes raisons, à l’exception du Québec, avait aboli la taxe tampon en 2015.

En 2018, c’était autour de l’Inde de supprimer cette taxe, après que l’imposition des serviettes hygiéniques à 12% ait déclenché une campagne de protestations contre cette mesure jugée alors discriminatoire ; sans oublier que le manque d’hygiène menstruelle serait à l’origine de 70% de problèmes de santé reproductive en Inde. La même année, lAustralie a aussi aboli la taxe sur les produits d’hygiène féminine après une polémique qui datait de l’an 2000 où ils étaient taxés à 10%.

…une réduction des taux dans d’autres

En Grande-Bretagne, tampons et serviettes ont été taxés à 17,5% jusqu’en 2000, réduits depuis à 5%. En France, la taxe tampon a été réduite en 2015 de 20% à 5.5% qui est le taux de TVA appliqué aux produits de protection hygiénique féminine, propulsant ainsi les serviettes hygiéniques dans la catégorie des produits de première nécessité. 

C’est aussi le cas en Belgique depuis 2017 où la Chambre des représentants a approuvé le projet de loi dans lequel le taux de taxe s’appliquant aux produits d’hygiène intime passait de 21 à 6%. Le dernier en date est l’Allemagne où le taux est récemment passé de 19%  à 7%, une décision qui sera effective dès janvier 2020.

La prise de conscience, tout part de là

En France, l’impact sur le budget de l’État de la mesure adoptée avait été estimé à environ 55 millions d’euros, contre 18.5 millions d’euros de manque à gagner en recettes fiscales en Australie. À Ottawa, on prévoyait que cette mesure priverait le trésor fédéral d’environ 25 millions de dollars annuellement.

Dans tous les cas, il faut noter que les avancées autour de la fiscalité des produits hygiéniques résultent en grande partie d’une prise de conscience autour de la problématique par le grand public. Et les acteurs rivalisent d’ingéniosité pour faire avancer la cause. En Afrique du Sud, à quelques semaines de la décision du gouvernement, une campagne en ligne avec le hashtag #BecauseWeBleed lancée par des étudiants aura été le dernier coup des activistes pour faire sauter le dernier verrou vers la détaxation. Il y a quatre ans, en Malaisie, c’est 14 416 personnes qui ont signé une pétition en ligne appelant le gouvernement à lever la taxe sur les serviettes hygiéniques. Plus proche de nous, au Kenya, ce sont les femmes parlementaires qui se sont posées en fer de lance de la cause jusqu’à la distribution gratuite des serviettes hygiéniques dans les écoles.

Deux arguments sont presque sur toutes les lèvres dans les campagnes pour l’élimination ou la réduction de la taxe sur les produits menstruels : que les menstruations sont un droit humain à part entière pour la fille et la femme, et que la levée de la taxe aurait éventuellement un impact positif sur la croissance économique.

 

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