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Analyse

Burundi : le rythme de reboisement suit-il le déboisement ?

Des millions d’arbres sont et continuent d’être plantés à travers tout le pays. Malheureusement, selon l’Office Burundais pour la Protection de l’Environnement, le taux de déboisement dépasse de loin celui de reboisement. Que faire ?

L’on peut affirmer sans risque de se tromper que le travail du bois poursuit sa course infernale. Dans un pays où 95% de la population utilise le bois comme source d’énergie, le taux de déboisement atteignait 9% en 2014. Même en 2019, le déboisement est réel. Le long des routes, surtout la RN1, la prolifération des ateliers de menuiserie et les stères de bois qui s’y observent, en attente d’embarquement pour servir dans des fours à briques ou à pain, en est la preuve éloquente. Dans les quartiers en construction comme à Gatunguru ou Nyabugete  les charpentiers et les maçons se servent des planches pour faire les toitures.

Là où le bât blesse…

… c’est aussi au niveau de l’exploitation du bois pour la production du charbon. Consommé à 77 % par la population urbaine, 1 kg de charbon de bois provient de 10 kg de bois. La consommation nationale annuelle du charbon est estimée à 104 718 tonnes. Partant de là, les villes de Bujumbura et Gitega, consommant 56 548 tonnes de charbon, entraînent une perte annuelle de 3 505 à 4 673 ha de couvert forestier. À ce rythme, selon l’étude sur la problématique des ressources énergétiques au Burundi, le couvert forestier du Burundi estimé à 171 625 ha pourrait disparaître dans 25 à 33 ans.

Alerte

En conséquence de ce déboisement, le Burundi fait face à la réduction du couvert forestier. Les forêts naturelles qui couvraient 30 à 50% du territoire par le passé ont diminué de telle sorte qu’il n’en reste actuellement qu’environ 6,6%.

À côté de cela, ce déboisement entraîne l’érosion des terres arables, et par ricochet, augmente l’acidité du sol. Selon les statistiques de l’ISABU, 1716 points d’échantillon ont été ciblés comme acides dans 14 communes de 6 provinces. C’est sans oublier le tarissement des sources d’eau ou dans les 24 787 sources dont disposent le Burundi, 2508 ont déjà taris et 4418 en cours de tarissement.

Une lueur d’espoir

Malgré ce rythme de déboisement, une lueur d’espoir se pointe à l’horizon. Citons le projet « Ewe Burundi Urambaye », où 50 millions d’arbres ont été plantés à travers le pays. La durée du projet sera de 7 ans. À côté de ce projet, d’autres jeunes environnementalistes rassemblent la jeunesse de différents coins du pays autour d’activités semblables. C’est le cas du projet « Greening Burundi » où 43.700 arbres ont déjà été plantés, et 200 000 plants en cours de plantation. Même son de cloche pour l’association « Ça nous concerne tous », où 57 263 000 plants d’arbres ont été plantés. Mais, est-ce suffisant?

Que faire ?

Qu’il y ait des initiatives de reboisement d’envergure nationale, on ne peut que s’en féliciter. Ils ont permis de diminuer le taux de déboisement de 9% à 2% en 2016. Pour la concordance de ce rythme déboisement-reboisement, le gouvernement devrait prendre d’autres mesures en vue de satisfaire les besoins de la population en bois. Par là, l’utilisation du biogaz et l’exonération du gaz et des matériaux de construction en fer. Un système aussi de suivi-évaluation des plants d’arbre est nécessaire. Par exemple, l’eucalyptus qui a été planté est en train d’être déraciné partout où il a été planté à moins de 15m des sources d’eau car absorbant beaucoup d’eau. Des études aussi devraient être fait avant le reboisement pour limiter la perte du temps et des moyens.

 

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