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Burundi : pourquoi l’intolérance politique perdure

À l’approche des élections de 2020, les actes d’intolérance politique deviennent monnaie courante. Pourtant, des discours au contenu pacifiste, des appels à la cessation des hostilités nous parviennent à chaque fois. Nombreux  évoquent un double discours ou la sourde-oreille des destinataires. En plus de ça, d’autres raisons expliquent le phénomène. Les détails.

Le cas de Nyamurenza défraie encore la chronique. Mais il n’est pas isolé. Peu avant, le matin du 26 juillet 2019, La Permanence du parti CNL a été vandalisée au moyen d’excréments humains. Quatre membres qui montaient la garde ont été aussi blessés. Presque un mois après, un membre du même parti à succombé aux coups infligés par un « groupe non identifié » la nuit du 19 août à Rugari en province Muyinga.

En réaction, le patron du CNDD-FDD Evariste Ndayishimiye a appelé, mardi le 20 août 2019, à la permanence nationale du CNDD-FDD, à la cessation des hostilités entre les jeunes partisans des partis rivaux. Un discours pas très loin de celui tenu par d’autres dirigeants.

Malgré ces discours, Serges Nsengiyumva, membre de la ligue des jeunes Imbonerakure, connaîtra le même calvaire cinq jours plus tard. Il succombera aux coups reçus lors des affrontements avec les jeunes du CNL la nuit du 25 août 2019 sur la colline Burenza de la commune Mubimbi. (Province Bujumbura).

Ces appels n’ont pas su encore une fois empêcher qu’à Kirundo, le 10 octobre, éclatent dans un bar dit kwa commissaire (quartier Nyange-Bushaza) des échauffourées entre les membres du CNDD-FDD et CNL faisant cinq blessés graves. Ou encore qu’à Rugari (Muyinga), la permanence du parti CNL (à coté de la RN 6 vers KOBERO) soit vandalisée dans la nuit du 1 au 2 novembre.

Quatre raisons  expliquent le statu quo 

Tout d’abord, je salue la sentence de la justice burundaise sur le cas de Rugari. Mais ça, c’est un cas parmi mille. L’impunité est le principal ingrédient de l’intolérance politique.

À cela s’ajoute la tendance de la part de certains administratifs à peindre en blanc ces cas d’intolérance ou purement à les nier, lorsqu’ils ne sont pas qualifiés de simples accrochages individuels entre les particuliers qui ont « bu un verre de trop ». Ce qui revient à encourager les bourreaux. 

Il convient de signaler aussi qu’une fois reconnus, ces cas sont traités à moitié. Quel intérêt aurait le simple citoyen lambda, qui n’est même pas ou ne sera jamais candidat à la députation, de voir une permanence d’un parti politique vandalisée ? Avouons-le, seul un parti politique tire profit de l’humiliation d’un rival, surtout en cette période pré-électorale. La fessée devrait donc remonter jusqu’à eux. Ça ne devrait pas rester une affaire entre un simple militant dit « trop zélé » et tout un appareil juridique.

La formation des groupuscules d’allégeance au sein de certains partis politiques n’est pas non plus à écarter. Les cas des jeunes au sein d’un même parti, certains fidèles à X, d’autres à Y, sont légion. Et c’est là où le bât blesse. Ces clivages constituent des goulots d’étranglement à ces appels à l’accalmie. De facto, les ordres viennent de plusieurs horizons. Et chacun obéit à son maître. Pas besoin de rappeler le cliché burundais à propos de la chasse.

Aussi longtemps que ces cas d’intolérances resteront pour certains de simples accrochages qui passent parfois inaperçus, qu’on en fera une affaire personnelle entre jeunes « trop zélé s» ou ayant bu un verre de trop, on vivra toujours le même cercle vicieux : affrontements-blessés (morts)-condamnations-appel à l’accalmie puis retour à la case départ. Par exemple, pourquoi ne pas infliger des amendes aux partis politiques dont les militants se chamaillent tout le temps ? Après tout, c’est l’ordre public qui en soufre. Plus encore, s’ils ne parviennent pas à gérer une poignée de jeunes sous leur parapluie, comment se porter candidat à la gestion de 12 millions d’habitats ?

 

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