Site icon LE JOURNAL.AFRICA

#NtaKoriMuKwezi : pour que justice soit rendue

Affectant la majorité de la société, la précarité menstruelle n’est traitée ni comme un problème de société, ni comme un problème de santé publique. Cette majorité est-elle silencieuse ? La société est-elle indifférente ? Et si une société indifférente imposait le silence à la majorité ? Il est temps d’attirer l’attention du public et des décideurs sur ce drôle de sujet, qui ne fait (sou)rire que ceux qui oublient qu’ils sont sur terre grâce à deux choses très simples : l’appareil génital d’une femme et sa bonne santé.

Un après-midi d’octobre 2019. Les activités vont bon train lorsqu’une dame se présente aux bureaux de Yaga. Elle demande à partager son histoire. Une histoire de coups. Coup de cœur, coups fourrés, coups de gueule, coups de poings. Quelques semaines après, à la suite d’une publication sur notre page Facebook d’une histoire de viol de petits garçons par leur babysitter, un message tombe dans notre messagerie privée. Un jeune homme veut témoigner sous anonymat. Il a vécu le même calvaire. À deux reprises. Par deux babysitters différentes.

C’est que depuis quelques mois Yaga a décidé de mettre un accent particulier sur des sujets de santé sexuelle et reproductive. La démarche a de quoi interroger, à la veille d’échéances électorales qui font déjà couler beaucoup d’encre et de salive. Mais qu’est-ce qu’une échéance électorale sans électeurs. Ou plutôt sans les préoccupations des électeurs. Or, les préoccupations en matière de santé sexuelle sont parmi les plus tues et les plus cachées sous le tapis. Un cercle vicieux s’installe alors. Puisque personne n’en parle, personne ne s’en préoccupe, and the next thing we know, personne ne s’en occupe.

Rendre l’inéluctable moins infernal

L’omerta n’épargne pas la santé menstruelle. Logique. « Qui oserait demander un cotex à son papa ? », s’interrogeait sur Yaga une jeune fille de Rumonge, obligée de céder aux avances d’un commerçant pour se payer les serviettes hygiéniques. Un blogueur estimait à plus de cinq millions de francs burundais le coût moyen des règles dans la vie d’une femme burundaise. Dans la vie de combien de femmes burundaises en réalité ? Tout est là.

À une semaine après le lancement par Yaga de la campagne NtakoriMukwezi pour la détaxation des serviettes hygiéniques, voici une série de billets sur le même thème. Il s’agit donc de répéter les fondamentaux. Que les menstruations sont inéluctables pour les filles et les femmes. Que vivre ses menstruations en toute dignité est un droit et que le contraire n’a pas de raison d’être. Qu’une taxe sur la valeur ajoutée de 18% sur les serviettes hygiéniques est une entrave à ce droit (certains parlent carrément de violence basée sur le genre), à l’heure où d’autres pays parlent déjà de distribution gratuite. Qu’une précarité menstruelle a un impact négatif sur le développement. Il est grand temps que justice (sociale) soit rendue.

 

Quitter la version mobile