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Makers space : des déchets recyclés en objets de décoration

Makers space est l’association de Gad Brighton, un jeune burundais qui milite pour la protection de l’environnement en transformant les bouteilles plastiques en fleurs, sapins et autres objets de décoration. 

Ce n’est pas par hasard que l’ONU a choisi, en 2018, lors de la célébration de la journée mondiale de l’environnement, le slogan : « En finir avec la pollution plastique ». En effet, les chiffres font froid dans le dos : 8,3 milliards de tonnes de plastique produits entre 1950 et 2015 dans le monde entier dont 79 %, soit 6,3 milliards tonnes, sont déjà à l’état de déchets qui s’accumulent dans des décharges ou en pleine nature, particulièrement dans les océans. Et si rien ne change, la tendance ne va pas s’inverser puisque d’ici 2021, 500 milliards de bouteilles plastiques pourraient être vendues chaque année dans le monde contre 480 en 2016, selon un rapport publié par The Guardian. Et là où le bât blesse : « Seulement 9 % de la production de plastique a pu être recyclée et 12 %, incinérée ».

Et cela n’est pas sans conséquences pour l’environnement et le recyclage se trouve donc être la solution à cette pandémie mondiale.

Un exemple au Burundi

Même si la responsabilité semble partagée, Gad Brighton lui n’a pas attendu pour remplir sa part de fonction. Outré par tant d’immondices qui s’observent ici et là, cet artiste burundais, comme il se définit, a vu dans cela l’opportunité de donner un coup de main dans la protection de l’environnement. « Parmi les déchets, il y a tant de plastiques qui peuvent servir dans beaucoup de choses une fois recyclés », dit-il. 

À part ce volet environnement, il ne voyait pas du bon œil d’autres personnes, surtout les Ougandais, qui, certes, collectent ces plastiques, moyennant une petite somme mais qui vont transformer ces plastiques ailleurs et qui reviennent vendre les produits dérivés estampillés « Made in Kampala » à un prix cher. « Pourquoi ne pas collecter ces bouteilles plastiques, les recycler ici et de ce fait servir la communauté à double titre : protection de l’environnement en retirant de la nature des produits toxiques et disponibiliser des produits moins chers et cette fois-ci Made in Burundi », se demande-t-il. 

Les débuts

Animé par ses talents d’artiste, il se lance alors dans la collecte de bouteilles plastiques à travers la ville de Bujumbura. On est fin 2016. Il s’associe d’abord avec quelques jeunes gens et fonde « Makers Space ». Le nom parce qu’ils vont travailler à la main et dans un « American Space », l’American Corner de Kinindo.

Avec seulement 20 000 FBU, ils achètent des ciseaux, des fils, des peintures… et se lancent dans la transformation de bouteilles plastiques déjà collectées en fleurs, en sapins, et surtout en objets de décor. Malgré un début timide, il parvient néanmoins à faire partie d’une exposition tenue à Bujumbura en 2017 avec quelques produits issus du recyclage.

Défis

Mais peu de temps après, en 2018, ils arrêtent de travailler parce que la place va être fermée. Et l’équipe se disloque. Mais l’idée reste là. Début 2019, Gad Brighton parvient à convaincre le Rosa Parks American Corner situé au Campus Kamenge de lui accorder une place. Il cherche à rassembler d’autres jeunes et ils recommencent. Pour une fleur, il lui faut autour de 15 bouteilles en plastique, 25 à 30 pour un sapin et quant aux objets de décor, ils peuvent nécessiter jusqu’à 50 bouteilles pour les longues chaînes de décor avec des guirlandes brillantes.

Ces bouteilles ne sont pas faciles à collecter d’autant plus que certains prenaient pour fou ce lauréat de l’UB qui collecte des bouteilles dans les dépotoirs. « Ce n’est pas facile dans ce cas de trouver des jeunes qui vous aident dans cette tâche », regrette-t-il.

Il y a aussi une mauvaise conception des produits recyclés, comme cette femme qui, un jour, voulait acheter son sapin mais qui a changé d’avis en apprenant qu’il était recyclé à partir des bouteilles plastiques. « Je ne pourrais pas acheter quelque chose qui vient des déchets », lui aurait dit la cliente. 

Une initiative environnementaliste prometteuse

« Depuis le début, nous avons déjà collecté plus de 5000 bouteilles plastiques », nous dit Brighton qui assure que s’ils travaillent régulièrement, ils peuvent retirer de la nature autour de 20 000 à 25 000 bouteilles plastiques par an. Encore là, c’est parce qu’ils font le travail à la main. « Si nous avions des moyens pour nous acheter des machines à l’ « Ougandaise », nous pourrions faire plus et transformer les bouteilles plastiques non seulement en fleurs, sapins ou objets de décors… mais aussi en bassins, gobelets et autres assiettes plastiques puisque nous en avons les connaissances. Il en est de même pour des meubles en plastique. Cela aiderait à retirer une grande quantité de plastiques de la nature », assure-t-il.

Il projette de placer des poubelles à l’entrée des cabarets et autres lieux publics pour faciliter la collecte ; d’étendre cela dans d’autres provinces du pays pour apprendre à d’autres jeunes comment ils peuvent aider dans la protection de l’environnement à travers la collecte et la transformation des bouteilles en plastique et pourquoi pas de créer des « clubs de recyclage dans les écoles secondaires ».

 

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