Ces 12 et 13 novembre 2019, il m’a été donné de rencontrer des personnes de tous les horizons, mais principalement des jeunes, collaborant avec le programme conjoint Menyumenyeshe. Une occasion pour d’intenses échanges, mais aussi et surtout pour une réflexion sur une participation significative des jeunes dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes.
La sexualité est encore taboue dans notre société et j’ai été agréablement surprise d’entendre les changements de mentalité qui s’opèrent ici et là. J’ai pu découvrir diverses initiatives de jeunes pour parler de sexualité un peu plus librement. Ou pour parler de sexualité simplement. Ces changements s’observent aussi bien dans l’éducation, la santé, la communauté, la communication et la recherche.
L’intégration des jeunes dans tous ces volets s’avère primordiale. « Tout ce qui est fait pour nous sans nous est contre nous », dit le slogan. En effet, dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, la voix des jeunes est plus qu’essentielle. Les jeunes s’y investissent tant pour les connaissances dont ils ont besoin que pour l’enseignement dont ils peuvent faire bénéficier à leurs pairs.
Des besoins réels et des résultats au rendez-vous
Toutes les personnes rencontrées se font l’écho d’une certaine soif des jeunes burundais. La soif d’en apprendre davantage sur leur propre corps, leur sexualité, mais tout aussi important, la soif d’avoir un cadre où ils peuvent enfin exprimer leurs questionnements, leurs doutes, et acquérir des informations fiables et bénéficier de soins et conseils médicaux sans honte ni jugement.
Joseph, d’un abord facile et de nature assez extravertie, est un parmi les jeunes associés au programme conjoint Menyumenyeshe. Il est formateur dans son établissement scolaire et pour lui, « enseigner la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes à ses camarades n’est absolument pas sujet de honte ». D’autant plus qu’il a déjà remarqué l’impact direct de ce genre d’enseignements dans son établissement où le nombre de grossesses est passé de 15 cas à un seul durant l’année scolaire précédente.
Mais les défis ne manquent pas…
Et quels défis en effet ! Certains établissements peinent à offrir un enseignement sur la santé sexuelle et reproductive, plus particulièrement ceux sous convention religieuse. Comme le souligne Mugisha, une autre participante à la discussion, il peut être difficile de convaincre les responsables d’établissement d’organiser un événement si le thème abordé est en rapport avec la santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes. Parmi les établissements qui disposent de jeunes formateurs, tous n’ont pas un cadre pour restituer les connaissances acquises comme par exemple un temps dédié aux clubs santé.
Ce n’est pas tout. Il y a également la méfiance de certains parents et pairs qui ne voient pas toujours le sujet d’un bon œil. Parfois qualifiées d’ ubushirasoni (manque de pudeur, ndlr), les représentations animées par les membres des clubs santé devant leurs pairs et les parents ont tout de même pu faire évoluer les avis de certains récalcitrants. Les sketchs, chansons ou autres animations auront été autant de moyens ludiques pour faire passer les messages particulièrement à un public jeune.
Ndafise uruhara…
Bref, un long chemin reste encore à mener mais « ndafise uruhara » (j’ai un rôle à jouer, ndlr)). Ndafise uruhara parce que la sexualité n’est pas qu’une question de « grandes personnes » et qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre. Ndafise uruhara parce qu’en tant que jeune, j’ai un rôle à jouer pleinement dans le maintien de ma bonne santé, surtout sexuelle.Cela passe par laisser ma voix se faire entendre dans des espaces où je peux m’exprimer librement et où on me laisse avoir le choix et le pouvoir de décider pour moi-même. Ndafise uruhara. Urafise uruhara.