Site icon LE JOURNAL.AFRICA

Burundi : sexe, tabou qui décime la vie des mineurs

Dans la tradition burundaise, parler de la sexualité avec l’enfant est une chose tabou. Le manque de dialogue entre parents et enfants sur la sexualité contribue à la destruction de la vie des enfants. Chaque parent devrait s’asseoir avec ses enfants pour en faire l’objet de débat.

Des conséquences néfastes de la sexualité des mineurs, comme les maladies sexuellement transmissibles, les infections, les grossesses précoces non désirées, l’abandon scolaire sont courants. La qualité des échanges entre parents et enfants en matière de sexualité est en étroite corrélation avec le comportement sexuel des jeunes et favorise la prévention.

Les parents ignorent discuter les sujets de la sexualité et de relations amoureuses avec leurs jeunes enfants. Pourtant, ces débats ont un rôle majeur pour la santé de leurs gosses. Par ailleurs, ils pensent que parler de la sexualité avec leurs enfants, c’est leur donner la permission de l’explorer envers leurs ami(e)s, mais le contraire est que l’éducation sexuelle et la communication entre les parents et leurs enfants contribuent à une meilleure orientation, révèle Karmella Kanyana l’un des parents qui a échangé avec JA.

La communication sur ce thème dès l’âge de 10 ans.

Selon l’enquête de 2018, d’un chercheur français sur les règles pour se protéger contre la sexualité, Catherine Solano, médecin et sexologue, indique que la communication entre parent et enfant ne devrait pas se faire de façon négligeable pour la limite de certains concepts sexuelles. C’est plutôt une occasion d’exposer tout ce qui est dit tabou. C’est durant ces conversations quotidiennes que l’enfant avoue avoir vu des signes particuliers notamment l’apparition des règles, le développement des seins,…

Dénommée Albine, mère de sept enfants, témoigne qu’un bon nombre de parents n’ont pas le temps de dialoguer avec leurs enfants sur la sexualité. Elle élucide qu’après avoir quitté différentes activités quotidiennes, elle arrive à la maison en étant fatiguée de même que ses enfants.  C’est pourquoi les enfants tombent dans la sexualité à bas âge juste par manque de conversation.

Lire : Burundi : Les filles-mères abandonnées et les difficultés de leur réinsertion

A en croire Mme Espèce, tout en soulignant que les parents ont honte de partager l’expérience avec leurs enfants sur des tels sujets. Elle ajoute qu’actuellement les enfants connaissent des pratiques sur la sexualité, car ils apprennent de leurs amis et des vidéos pornographiques.

D’après cette enquête de 2018 sur les règles pour se protéger contre la sexualité, Mme Solano fait savoir que parmi les raisons qui poussent les mineurs à pratiquer la sexualité, on y trouve de la curiosité. Le manquement au rôle de parents, le manque d’une bonne éducation qui vise à leur donner la capacité de se protéger contre une éventuelle agression sexuelle et l’attirance physique, révèle cette enquête déjà citée ci-haut.

Quelles sont les conséquences qui en découlent?

La sexualité aux adolescents est promoteur des conséquences graves sur la santé, notamment les maladies sexuellement transmissibles, la blennorragie, les infections, aussi les grossesses précoces non désirées et l’abandon scolaire. Les conséquences d’ordre psychologique, l’irritation, brûlure, cystite, mycose chez la jeune fille et la fracture du pénis, douleurs chez le jeune homme.

 « Il y aura tout d’abord des problèmes émotionnels et affectifs, après avoir subi une agression sexuelle quelle qu’elle soit, on n’est pas toujours là en classe, il arrive souvent qu’on ait des moins bons résultats scolaires. On développe des comportements à risque comme le fait de consommer des substances en pensant que ça va aider (alcool, médicament) », explique Mme Solano.

Pour le cas d’un enfant étant à l’école, Mme Solano explique que si l’enfant applique la sexualité à bas âge, il aura toutes les conséquences déjà citées et s’ajoute l’abandon de l’école directement et son état de santé va changer, car ses organes génitaux sont faibles ».

Que faire pour lutter contre la sexualité aux mineurs ?

Dans le but de lutter contre la sexualité aux enfants de moins de 18 ans, les parents devraient prodiguer des conseils pour leurs enfants et pousser les limites pour la divulgation de certains concepts dits tabous dans la société dès l’âge de 10 ans.

Au Burundi, de nombreuses interactions courtes durant les années de l’enfance entre parents et adolescents, basées sur des questions et des situations rencontrées permettent de découvrir de nombreuses thématiques liées à la sexualité, renchérit Mme Solano.

Kiza Mulongecha

Quitter la version mobile