L’information, publiée par Africanews et reprise par certains médias burundais, fait état de l’adoption par le gouvernement burundais de la suite bureautique russe nommée MoyOffis, en marge du Sommet et du Forum économique Russie-Afrique 2019. Même si cette information n’a pas encore été confirmée par un officiel burundais, un blogueur de Yaga, féru des NTIC, a mené une petite enquête en ligne.
On est le mardi 22 octobre, le réveil est un peu dur après un long week-end. Comme à l’accoutumée, un petit détour sur les réseaux sociaux notamment sur Facebook et Twitter, histoire de me tenir informé des dernières nouvelles. Tout à coup, sur mon fil d’actualité Facebook, je tombe sur une info qui suscite mon intérêt : « Le Gouvernement du Burundi adopte la suite bureautique russe MoyOffis (MyOffice) ».
En passionné des NTIC, cela m’intrigue : quelle est cette suite que je ne connaissais pas, moi qui me croyais pourtant au courant des nouvelles tendances dans le domaine informatique. Je n’ai pas le temps de faire plus de recherches, je dois me grouiller pour ne pas être en retard au bureau.
Recherche dans les dédales du web
Arrivé au bureau, je me presse de finir les tâches les plus urgentes pour pouvoir m’informer sur la fameuse MoyOffis. Premier réflexe, je tape « MoyOffis » dans Google. Première surprise : le premier résultat de la recherche me renvoie sur le fameux article découvert sur Facebook d’Africanews, deuxième résultat, un blog d’Appablog qui reprend l’article d’Africanews. Après, quelques articles très récents reprenant tous la même chose que les deux premiers. Coup de pub réussi avec le deal avec le gouvernement burundais !
Après quelques clics ici et là, je tombe enfin sur un article en anglais, «MoyOffis expands its partnership with Axoft », mais finalement le lien me renvoie sur une page non-existante. Le site a sans doute changer de lien, ça arrive ! Mais je parviens à voir quand même un petit aperçu sur Google de l’ancien article qui commence par : « Travaillant déjà ensemble en Russie, MoyOffis, éditeur de suites bureautiques dans le cloud, a étendu son partenariat avec le spécialiste des logiciels Axoft à la Biélorussie et au Kazakhstan ». Viennent ensuite plusieurs médias qui parlent plus ou moins de la même chose : « Le gouvernement de Russie va utiliser MoyOffis au detriment de Microsoft Office ».
Finalement, je tombe enfin sur la deuxième page des résultats de recherche sur le site web « Officiel » de MoyOffis. Intérieurement, je me dis que la personne qui s’occupe de leur site web devrait travailler un peu plus sur le SEO, une entreprise qui apparaît à la deuxième page sur son propre produit, c’est pas du tout bon pour l’image de marque. Mais cela est peut-être dû au fait que la recherche a été effectuée sur le moteur de recherche Google, un produit américain. Un moteur de recherche russe donnerait peut-être de meilleurs résultats.
Hourra ! Sur leur site, ils ont une version en anglais du site web autre que le russe, je vais pouvoir en savoir plus et voir à quoi ressemble le logiciel ou mieux, télécharger une démo pour tester le produit. Sur leur site, il est dit que MyOffice, traduction en anglais sûrement de MoyOffis, est une « suite logicielle bureautique servant de plate-forme pour l’édition collaborative, le stockage de documents, la communication et système de messagerie virtuellement sur n’importe quel ordinateur de bureau ou appareil mobile ». Parfait, cela me semble une bonne solution à la pointe des technologies ! Mais en y pensant, collaborative et virtuelle (via interface web), me semble un peu avancé pour certains de nos concitoyens.
C’est quoi en fait la suite MoyOffis
MoyOffis est un fait une suite de logiciels bureautiques de collaboration tout comme Office 365 de Microsoft, il possède des logiciels appelé Text (équivalent à Word), Table (Excel), Presentation (PowerPoint), Mail (MS Outlook), Calendar et Contacts. Je vois d’ici les heures de brainstorming pour trouver les noms des logiciels. MoyOffis possède des versions pour l’utilisation par les gouvernements, les entreprises et pour les établissements scolaires ou universités. Bref, sur papier l’équivalent de Microsoft en tout point.
Maintenant que j’en sais un peu plus, télécharger une démo pour tester le produit… mais aucun résultat. Une visite sur Youtube, aucune vidéo pour voir à quoi ressemble le produit. Bref, très peu d’infos sur le produit disponible sur le net, à croire que la suite MyOffis est un logiciel dont les seuls utilisateurs sont le gouvernement russe, burundais et congolais. Et oui, entre-temps, un nouvel article est apparu sur le net pour annoncer un accord entre la Société « Novie Oblatchnie Tekhnologii » et le gouvernement de la RDC.
Assez pour s’inquiéter ? Non, si on se fie à ce tweet d’un média burundais : « Le gouvernement burundais a choisi le logiciel russe #MyOffice (MoyOffis) pour sa facilité d’utilisation, la co-édition de documents, la prise en charge des appareils mobiles ainsi qu’un niveau élevé de stockage de documents et de sécurité des accès. »
M’enfin, pour la question de sécurité, je suis tenté d’y croire les yeux fermés. Le geek en moi sait qu’en matière de technologies, le succès ne veut pas dire fiabilité. Et le triomphe de Whatsapp sur Telegram (lui aussi russe et plus sécurisé) ne viendrait pas me contredire. MoyOffis pourrait donc être une meilleure alternative à Office 365. Mais, dans tous les cas, j’attends de la tester avant me faire une idée finale.