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Analyse

Rwagasore et Ndadaye, deux symboles vers la réconciliation

En octobre, deux dates nous rappellent deux personnages aujourd’hui devenus respectivement héros de l’indépendance et de la démocratie. Leur mort commence à marquer les Burundais toutes tendances confondues. Une inspiration pour la Commission vérité et réconciliation.

Il fut des années où la commémoration de l’anniversaire de l’assassinat du Prince Louis Rwagasore, en date du 13 octobre, ne mobilisait pas assez d’esprits. Pour certains, son rôle du père de l’indépendance était dilué par les crises politico-ethniques qui ont endeuillé le pays, lors du règne du parti Uprona qu’il avait fondé.

Pour Melchior Ndadaye, l’avènement au pouvoir de son parti Sahwanya Frodebu en 1993 a sonné le glas de son aura dans le cœur des chantres du parti Uprona. La guerre civile qui a endeuillé plusieurs familles après son assassinat, a depuis longtemps, été associée à son personnage. Pour certains, commémorer le 21 octobre, date de son assassinat, c’était faire fi de nombreuses atrocités qui ont caractérisé cette guerre, qui a duré plus d’une décennie.

Cependant, les choses ont changé depuis. J’ai été bien content que plusieurs jeunes, toutes ethnies confondues, aient repris les images et les mots d’esprit de ces deux personnages sur les réseaux sociaux ou WhatsApp. Sans prétendre en faire d’eux un échantillon représentatif de l’opinion burundaise sur la question, ils ont eu le mérite de décrisper le dualisme ethnique autour de la commémoration de l’assassinat de ces deux héros.

La jeune génération n’a jamais vu Rwagasore et Ndadaye

Il est important de souligner que les jeunes commencent à voir le Burundi autrement, loin du cliché ethnique, corde sensible, longtemps maniée par certains politiciens burundais au détriment du peuple. Ils sont nombreux à connaître la vie de ces deux personnages à travers les récits et les documents qui leur sont dédiés, qu’à travers des réminiscences sélectives.

Plus de 80 % des Burundais sont nés après l’époque de Rwagasore. Près de la moitié de la population burundaise ne connaît pas l’époque Ndadaye. Un signe fort pour le pouvoir présent et à venir, de construire une bonne image de ces deux personnages pour que les nouvelles générations s’en inspirent à jamais.

Quid de la CVR face aux idéaux de Rwagasore et Ndadaye

De mon humble avis, les deux personnalités étaient des havres de paix et avec une grande passion pour un Burundi réconcilié. Tant leurs discours et les témoignages de leurs compagnons voire leurs détracteurs honnêtes, convergent sur ce point. Peut-être qu’ils ont d’ailleurs évité ou repoussé les crises qui ont suivi leur assassinat.

De la sorte, si malgré la divergence d’opinion, le pouvoir est parvenu, à travers une loi, à faire de Rwagasore et Ndadaye, deux héros nationaux, la Commission vérité et réconciliation (CVR), encore balbutiante dans ses démarches, y trouverait une inspiration.

Rwagasore et Ndadaye sont à eux seuls, deux courants, deux époques, deux identités, deux espoirs sur lesquels le Burundi pouvait compter dans le passé. Deux personnalités sur lesquelles on peut accorder une colonne sans faire mention d’aucune référence ethnique et garder un texte qui a un sens. Tel est mon vœu envers la CVR pour une réconciliation où l’ethnicisation de la société burundaise serait surannée comme le souhaitaient aussi nos deux illustres disparus. 

 

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