Bien qu’annoncée comme non-fonctionnelle en attendant l’aménagement d’une autre décharge à Muzinda, celle de Buterere s’est invitée dans la vie des gens vivant autour. Et interdit de parler de décharge. Pour eux, il s’agit du « marché international ». Immersion.
Buterere. 16h15, je suis avec mon complice et guide, Lionel, la vingtaine, natif de la contrée. Je n’ai jamais mis les pieds dans cet endroit, mais la conscience collective l’avait déjà réduit à l’archétype même de la saleté. Un jour, j’ai même entendu un voisin monter sur ses grands chevaux pour rabrouer son enfant qui venait de déverser le reste de son repas devant le barza de la maison en lui jetant à la figure un rude : « ugomba uhagire ku Buterere ? ». Depuis ce jour, s’est niché dans une petite parcelle de mon inconscient que Buterere est tout bonnement synonyme d’ordures. Eh oui, se faire un cliché, ça ne demande pas grand-chose. Un rien peut faire l’affaire.
Bizarrement, je trouve plusieurs Buterere plutôt qu’un. D’un coté une partie bien nantie. De belles maisons y poussent comme des champignons. Je sens une petite honte au fond de moi. « Alors que je pensais y trouver que de la crasse ! ». Je ne tarde pas à déchanter. Après les villas, nous entrons dans l’autre Buterere. Une zone aux baraques de loin moins huppées. Je vois au loin une mer d’immondices où des îlots de fumée contrastent le...