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SOCIETE

Oui, même au Burundi, l’asexualité, ça existe !

On n’en parle presque jamais mais ils existent. Ignorés, incompris, stigmatisés. Mais ils sont là, nous les côtoyons très souvent dans nos quartiers, nos églises, à l’école, etc. Eux, ce sont des personnes qui ont une attirance envers le genre (garçons, filles ou même les deux) mais qui n’éprouvent rien comme désir sexuel envers qui que ce soit.

« Ces gens doivent avoir subi des traumatismes graves durant leur enfance. Ce n’est pas normal ! », murmure Octavio (pseudo) après avoir écouté attentivement Herbert (pseudo) qui donne son témoignage en tant que personne asexuelle lors d’un échange-débat à Bujumbura autour de la sexualité.

« Avant, je croyais que j’étais peut-être gay. Mais non. Je ne crois pas être hétéro non plus. Je ne sais pas ce que je suis. Mais ce que je sais, je ne suis aucun des deux », fait savoir Herbert (pseudo), d’un ton humoristique, à l’ensemble du groupe.

Nous sommes dans une salle. Assis en demi-cercle depuis 8h du matin. L’heure affiche 13h mais personne ne semble avoir faim. La première consigne était de ne pas avoir la peur d’assumer ce que l’on est ou ce que l’on pense être et donner son avis ouvertement en matière d’orientations sexuelles. Les yeux de certains participants sont écarquillés à chaque fois que les témoignages des personnes aux orientations sexuelles différentes, se succèdent. 

Dans ce lourd climat de concentration et d’intéressement, j’entends des exclamations comme : « Ça doit être super de se faire des muscles gratuitement à force de se tripoter le schmilblick (pour désigner la partie intime, relativement inutile)! »

Rétrospective

Le respect de l’idée de celui qui prend la parole est une des consignes qui réglementent l’échange-débat. La consigne a été respectée. Entre notions liées à la santé sexuelle, l’identité sexuelle, l’intimité, la sensualité, la sexualisation, des notions  pointant vers une vue plus ou moins globale de la sexualité, le témoignage d’Herbert (pseudo) sur son asexualité vient poser une nouvelle problématique.

« Je m’appelle Herbert, j’ai 32 ans. A 13 ans, je voyais/pensais qu’il y avait déjà quelque chose qui clochait chez moi. Lorsqu’on jouait à cache-cache, je remarquais que les garçons se sentaient mieux cachés lorsqu’ils étaient serrés contre les filles. A 17 ans j’étais l’incompris de ma bande au lycée parce que je n’avais pas de petite amie. À 25 ans, je n’avais jamais eu de rapports intimes avec qui/quoi que ce soit. Ce n’est qu’après avoir su qu’il y avait des personnes comme moi que j’ai retrouvé la paix intérieure. Nous nous rencontrons souvent mais en cachette pour discuter, échanger sur ce que nous vivons au quotidien et peut-être un jour nous sortirons de l’ombre et pourrons vivre tranquillement notre asexualité. »

Le modérateur en perd son latin. Ne parlons pas des participants. Parce qu’apparemment, les personnes asexuelles représenteraient 1% de la population mondiale, donc plus ou moins 76 millions de personnes.

Herbert a pris son courage à deux mains et a avoué ne jamais avoir eu envie de faire l’amour depuis qu’il est censé en être capable. Par contre, il fait des sorties entre amis, il a un boulot, il fait du sport,… Contrairement à ce que peuvent penser les gens après avoir entendu son témoignage, il est bien dans sa peau. Pour lui, ceux qui le critiquent sont ceux qui devraient plutôt aller se faire soigner. Et on ne peut qu’être d’accord avec lui.

 

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