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SOCIETE

La contraception chez l’adolescente, parlons-en !

Selon une étude réalisée au Burundi, 11 % des adolescentes burundaises, entre 15 et 19 ans, ont déjà commencé leur vie procréative. En 2008, 17 % d’écolières et 33 % des élèves du secondaire affirmaient avoir déjà eu des rapports sexuels. Le recours aux méthodes contraceptives est une réalité chez certaines adolescentes de Bujumbura malgré les divergences de la société à ce propos. Qu’en est-il dans la pratique ? Deux blogueurs ont rencontré des adolescentes, parents et professionnels de santé.

Anne est une jeune fille, dans la vingtaine. Pour elle, le préservatif est son premier choix mais, confie-t-elle, «parfois j’utilise la contraception d’urgence ou pilule du lendemain », « nta kwijajara (il ne faut pas dormir sur ses lauriers, ndr) ». Elle est donc consciente du rôle majeur des contraceptifs surtout pour la prévention des grossesses précoces et les maladies sexuellement transmissibles.

Des jeunes filles comme Anne, Amina Rukundo en voit parfois. Cette infirmière au Centre de Santé « Amis des jeunes » de Kamenge reconnaît recevoir dans le centre des jeunes filles même moins âgées, des adolescentes, qui viennent à la recherche des contraceptifs. « Nous les accueillons et leur prodiguons d’abord des conseils et informations sur les différentes méthodes, leurs avantages et inconvénients et les laissons choisir après notre éclairage, pourvu qu’elles aient douze ans et/ou plus », explique-t-elle. Elle raconte également que parfois ces jeunes filles viennent accompagnées de leurs mères. « Un jour, une mère a amené sa fille de 13 ans pour qu’on lui donne un contraceptif disant ne pas vouloir être surprise un jour en voyant sa fille enceinte ».

Une pratique courante mais qui ne fait pas l’unanimité

Spéciose et son mari, fonctionnaires qui, à cause de leur travail, ne sont pas présents à la maison que pendant les week-ends, ont pris la décision de mettre sous contraceptif leur enfant. Leur fille de 16 ans, élève en 2ème post-fondamental, reste toute seule à la maison les jours de travail, et cela inquiète sa mère. La sentinelle confie que « des camarades de classe de sexe opposé venaient « faire la révision » ensemble tous les jours  les uns après les autres, et cela a suscité des doutes ». Ce qui a poussé alors Spéciose à procurer à sa fille une contraception par injection : « Elle a aussi des professeurs qui lui donnent des cours en dehors de la classe et cela se fait souvent à huis clos. Je ne veux pas que ma fille tombe enceinte à mon insu », fait-elle savoir.

L.M., elle, fait sonner un autre son de cloche. « L’utilisation des méthodes contraceptives dès l’adolescence ne pourra qu’apporter des mauvaises conséquences à celles qui les prennent » car, dit-elle, « elles vont se croire protégées et se murer dans le libertinage sexuel avec toutes les conséquences à long terme sur la satisfaction dans le couple et peut être aussi sur la fertilité de la future femme ».

Dans la pratique

« En principe, la contraception est indiquée pour les personnes qui ont une activité génitale régulière », explique le professeur Salvator Harerimana, gynéco-obstétricien. « Sinon, c’est l’abstinence », ajoute-t-il. Mais certaines méthodes peuvent être utilisées par les adolescentes. « C’est entre autres les méthodes naturelles, le préservatif qui est la seule méthode pouvant assurer une double protection, à la fois contraceptive et contre les infections sexuellement transmissibles ».  Les pilules peuvent également être utilisées mais les méthodes à longue durée d’action, indiquées pour les personnes ayant déjà un ou deux enfants,  ne sont pas préconisées pour les adolescentes.

Quant à la contraception d’urgence, « elle ne devrait s’utiliser qu’en cas d’échec de la contraception, d’oubli ou de mauvaise utilisation d’un contraceptif comme l’erreur dans les calculs ou l’oubli de retrait pour le coït interrompu », nuance Pr Harerimana avant d’ajouter :« Les échecs sont multiples avec la contraception d’urgence et son efficacité ne se saura qu’au prochain cycle, sans oublier les effets secondaires y relatifs ».

Et le Pr Harerimana de conclure : « Avec les méthodes contraceptives, excepté le préservatif qui joue un double rôle, on aura empêché la grossesse mais le risque d’infection reste là et ce risque augmente en fonction des partenaires sexuels avec possible répercussion sur la conception ultérieure ». 

Pour lui donc, « il faut encourager les parents à parler sexualité avec leurs enfants pour mieux prévenir les grossesses précoces ».

 

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