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Bujumbura : le viol conjugal, un tabou méconnu qui hante les couples

J’ai été surpris d’apprendre qu’un homme peut violer sa propre femme et vice-versa, car j’étais extrêmement convaincu qu’entre mariés, on ne peut parler de violence sexuelle. Mais… 

Selon le Centre Seruka, rien que pour cette année en cours, parmi les 135 femmes accompagnées dans les couples, la plupart d’entre elles avouent être victimes de viols conjugaux et sont en train de bénéficier d’un encadrement et de suivi afin de lutter contre ce désastre. En 2017, 18 femmes ont personnellement consulté le centre Seruka pour motif de viol conjugal. En 2018, sept cas de consultation personnelle ont été enregistrés. 

De mon côté, quand on parle de violence sexuelle, je me faisais l’image d’un homme très irrévérencieux et mal intentionné qui ne cherche que la ruine de la personne qu’il abuse. Je me donnais toujours la représentation d’un individu dont l’esprit malsain a fait de lui sa préférable habitation. Ça me faisait automatiquement penser au genre de personnes sadiques et dépravées qui ne trouvent plaisir qu’en infligeant le malheur aux autres. Mais de toute évidence, je me trompais. 

Une frontière ténue

Madame Béatrice Barandereka, psychologue du centre SERUKA qui vient en aide aux victimes, nous révèle l’existence de viol entre les conjoints : « Normalement les époux sont présumés consentants à tout acte sexuel, mais l’un d’eux peut prouver qu’il l’a refusé sans toutefois pouvoir l’éviter. »

Si on s’en tient à cette caractérisation, combien de femmes sont-elles violées par leurs propres époux ? Combien d’épouses ne le font que pour le plaisir de leurs conjoints sans réel désir de rapports sexuels ? La réponse tendrait à affirmer que pas mal d’épouses sont violées ou ont été victimes de viol conjugal un jour.

Alors pourquoi le dissimuler ?   

Je peux me permettre de dire que plusieurs femmes boivent sur ce calice en silence puisque notre tradition l’exige bien, « Niko zubakwa. » Elles se doivent de s’y accoutumer très secrètement. 

Mais comme l’écrivain Algérien Yasmina Khadra l’a dit : « Ce que les maisons se tuent à taire, la rue finit tôt ou tard par le crier sur les toits... » Et moi, j’ajouterais qu’au lieu de bander une plaie dont le pus suinte encore, il faut plutôt se faire soigner pour aspirer à une guérison complète. Sinon, la plaie finira par engendrer une grosse infection pour laquelle le décès deviendrait quasi inévitable.

 

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