L’accès au logement figure parmi les défis auxquels maints employés sont confrontés. Dans un pays où certains passent toute leur vie en location, que faire pour permettre au plus grand nombre de devenir propriétaires ?
Que l’inflation croisse de jour en jour depuis ces 3 dernières années, nous en sommes tous au courant. Mais les plus touchés par cette inflation sont ceux qui construisent des maisons. Parce qu’elle se répercute directement sur les prix des matériaux de construction, des terrains et de la main d’œuvre qui ne cessent de monter en flèche. Cela rend l’accès à la propriété privée presque impossible pour les ménages à bas et moyen revenus, composés essentiellement des fonctionnaires, des employés du secteur privé et des indépendants. La preuve en est que nombre d’entre eux restent locataires pendant presque toute leur vie. Et souvent dans de maisons si étroites et rudimentaires.
Pourtant, chez nos voisins, la Banque de l’Habitat du Rwanda ou le Housing Finance Bank en Ouganda, par exemple, des structures de financement public ont été instaurées pour trouver une issue à cette question de logement.
Quid du Burundi ?
Le secteur de l’habitat est caractérisé par une demande insatisfaite, des prix élevés qui rendent l’habitat inabordable pour la majorité de la population, la croissance de la population est de 2,4% par année et son jeune âge mettent en exergue le défi démographique du pays, l’offre présente et future de logement qui ne peut pas satisfaire la demande. Pire, la carence d’habitation est estimée à 15 000 logements par année selon CURDES, ce qui a conduit à une augmentation massive de loyers au cours des 5 dernières années soit 100 à 150%. En outre, la construction résidentielle reste insuffisante, et il n’y a pratiquement pas de promoteurs privés immobiliers, leur part dans l’offre de logement étant d’environ 1%.
Selon l’IDEC, il n’ya que le FPHU (Fonds de Promotion de l’Habitat Urbain), un établissement financier, pas même une banque, qui accorde des crédits de financement du logement sur une période maximale de 20 ans à un intérêt de 17 à 19% par an. Et son plafond est fixé à 30 millions de Fbu.
Un établissement, sommes toutes, en trompe-l’œil, selon Aloys, un ingénieur. « Cette somme ne permet pas de financer entièrement une maison de moyen standing, avoir les fonds d’acheter une parcelle, faire les études du sol, l’achat des matériaux de construction et la rémunération de la main d’œuvre.», estime l’ ingénieur. Avant d’ajouter que cet intérêt fait froid dans le dos si on tient compte des salaires que nous touchons à la fin du mois. Cela est survenu lorsque les institutions qui étaient chargées du financement du logement SIP et ECOSAT se sont désengagées dans la production du logement.
Que faire ?
Si nous voulons une certaine pérennité du logement, le secteur privé devrait avoir une large partie car il est motivé dans ses actions par la recherche d’un niveau de rentabilité, ce qui est aussi un moteur de la pérennité du système. De surcroît, l’État n’a pas les moyens financiers pour faire face aux besoins en financement de la population à faible et moyens revenus d’où la nécessité absolue de faire intervenir le secteur privé.
Dans un pays comme le nôtre où le salaire des fonctionnaires est tellement bas qu’il ne peut pas supporter l’échéance des crédits à taux d’intérêt élevé, l’État devrait intervenir en tant que prêteur de capitaux bon marchés. Les employés en profiteront pour construire des maisons modernes. Et cela épargnera des pertes en vies humaines et matériels pendant la période pluvieuse.