La culture burundaise veut que les futurs mariés choisissent pour témoins (parrain et marraine) des personnes déjà mariées, seules capable de leur donner des conseils avisés en matière de vie conjugale… Ce qui n’est pas au goût de tout le monde.
Un certain samedi, dans un bus, je m’étais assis près du chauffeur avec qui je causais un peu sur la cherté des cérémonies autour du mariage. Le passager d’à côté, visiblement plus âgé que nous, s’en mêle. Il précise qu’actuellement, quand il faut choisir son parrain, on préfère plus souvent le plus nanti qui pourrait même financer le mariage.
Une affirmation qui a réveillé, un tout petit peu, une certaine révolte en moi. Je refuse et lui donne un exemple où j’ai été parrain d’un homme qui se mariait alors que j’étais encore étudiant. Théoriquement et pratiquement, je n’étais pas un Crésus sur lequel il faut compter pour avoir un mariage spectaculaire.
Mais après un coup d’œil, tel celui d’un élève qui triche chez son voisin, projeté sur mon annulaire, il remarque que je ne porte pas d’alliance. Il change l’angle de la discussion. « Avec la modernisation, on verra tout », ironise-t-il avant de continuer sur : « Comment et pourquoi un jeune célibataire peut-il vraiment parrainer un homme qui se marie ? Quels conseils donnerait-il alors qu’il ignore ce qui se passe dans le foyer ? »
Sagesse plutôt que vieillesse
Je me suis senti vexé et lui ai demandé ce qui est sophistiqué à tel point que seul un homme marié soit le seul capable de prôner une bonne cohabitation. Après un court instant de réflexion, il me répond avec un autre préjugé qui m’agace toujours. Cette préconception selon laquelle être parrain devient inéluctablement synonyme de coach sur ce qui est de la vie sexuelle des jeunes mariés.
D’ailleurs sur ce point, je trouve qu’un parrain marié ne signifie toujours pas avoir de bons tuyaux sur la vie sexuelle. L’éjaculation précoce dont souffrent en silence les hommes et les femmes mariés peut en être témoin. Ce qui peut donc donner raison à celui qui aurait opté pour un sage parrain dont le célibat est encore son état civil-légal.
C’est à ce moment que je me suis dit que je devrais faire comprendre aux personnes qui pensent de cette façon que prendre un célibataire comme parrain est loin d’être une aberration. Je vous promets de revenir avec l’exemple des couples qui sont heureux en ménage grâce à des personnes qui ne connaissent l’union maritale que de nom. À très prochainement.