Ces derniers jours, une pénurie des préservatifs « Prudence Class » s’observe au Burundi. Partant de la démographie burundaise, de la séroprévalence du VIH et des infections sexuellement transmissibles, des grossesses en milieux scolaires et de la vie sexuelle des jeunes, la pénurie du « Prudence Class » devrait nous inquiéter.
Que ce soit au supermarché, à la pharmacie, boutiques ou kiosques du coin, le préservatif « Class » se laissait trouver facilement. Moins cher et facilement accessible, cinq millions de ce préservatif ont été vendus en 2018. Un chiffre considérable. Aujourd’hui, ces utilisateurs sont dans le désarroi. De la bouche des vendeurs, ils ne cessent d’entendre les mots pénurie, rupture, manque. Et s’ils en trouvent, la pièce qui s’achetait à 300 Fbu s’achète entre 800 et 1000 Fbu. Et cela ne devrait laisser quiconque indifférent.
Vie sexuelle des jeunes
Selon une étude, 11 % des adolescentes burundaises, entre 15 et 19 ans, ont déjà commencé leur vie procréative. En 2008, 17 % d’écolières et 33 % des élèves du secondaire affirmaient avoir déjà eu des rapports sexuels. Un témoin d’une vie sexuelle active. Qu’en est-il de 2019 ? Qu’adviendra cette sexualité à la queue leu leu sans protection ? Déjà, en 2018, une étude du programme national de la santé de la reproduction montrait que 33 % de ces adolescentes ayant commencé leur vie sexuelle mouraient suite aux avortements clandestins et 20 % avaient des fistules vesico-génitales après l’accouchement. Imaginons ce qui se passera avec cette pénurie ! Si rien n’est fait, bonjour les grossesses non désirées, avortements à risques et mariages précoces.
Grossesses en milieux scolaires
Les jeunes filles et garçons qui abandonnent l’école à cause des grossesses non désirées, ne cessent d’augmenter. Selon une étude, la grossesse précoce privait chaque année au Burundi, plus de 2000 jeunes filles d’école. En effet, 4760 cas de grossesses en milieux scolaires ont été rapportés entre 2009 et 2012, 4707 cas entre 2012 et 2014, et 2355 cas en 2015. Et là, ce sont des cas connus. Le préservatif Class, plus accessible, était un bon moyen de prévention. Comment seront ces chiffres avec cette pénurie ?
La démographie galopante
De 2008 à 2018, la population burundaise n’a pas cessé d’aller crescendo. Elle est passée de 8 millions à environ 12 millions. Déjà avec la disponibilité des préservatifs, le taux de fécondité est de 5,5 enfants par femme. Qu’adviendra ce taux sans préservatif ? Si, d’après les projections de l’ISTEEBU, la population aura doublé en 2050, ce chiffre attendra-t-il 2050 sans préservatif, pour doubler ? Le préservatif étant l’un des moyens pour la limitation des naissances, sa pénurie devrait inquiéter.
Séroprévalence du VIH/SIDA
La courbe de prévalence du VIH au Burundi a fléchi. Une bonne chose. Mais, croyez-vous que le préservatif n’y a pas contribué pour quelque chose ? Alors qu’en 2007 le taux de séroprévalence était de 3,7 %, ce taux a chuté vers 1,4 % en 2010 pour atteindre 0,9 % en 2017. Avec cette pénurie de préservatif, la tendance pourrait s’inverser, ce qui serait vraiment regrettable.
Infections sexuellement transmissibles
S’il y a quelque chose qu’on peut choper facilement lors d’un rapport sexuel sans préservatif, c’est bel et bien les IST. Selon une étude sur les hépatites virales, infection sexuellement transmissible, 8,2 % des Burundais souffrent de l’hépatite B tandis que 4,6 % souffre de l’hépatite C. Sans oublier plusieurs personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique. Avec la gravité de cette maladie, imaginons ce qu’entraînera cette pénurie de préservatif. Un problème de santé publique.
Quoiqu’il en soit, il n’y a pas de vaccin au Burundi contre le VIH/SIDA, de même que pour les IST. Et si le gouvernement ne veut pas assister à un boum démographique ou encore bannir les jeunes filles et garçons pour grossesses en milieux scolaires, cette pénurie de préservatifs devrait être remédiée en urgence pour que les gens sortent couverts.