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Préservatif féminin : à bas les préjugés

Commercialisé au Burundi sous le nom de Femidom, le préservatif féminin a été introduit pour aider la femme burundaise à reprendre le contrôle sur les rapports sexuels, sans pour autant dépendre de son partenaire pour se protéger contre les IST, VIH mais aussi d’une éventuelle grossesse. Plusieurs réticences limitent malheureusement son acceptation. 

« Ce préservatif est un bon outil que j’utilise lorsque je cherche à me protéger, sans avoir besoin de philosopher avec mon mari, sur le pourquoi et le comment d’une relation protégée », témoigne Eliane (pseudo), la trentaine, à la fin d’un débat à l’ABUBEF-Gitega. Ce jour-là, le sujet porte sur l’usage du préservatif féminin. À la vue de ce préservatif, plusieurs chuchotements fusent. « Je croyais que seuls les hommes utilisaient un préservatif… », entend-on. Ce qui explique en partie pourquoi ce préservatif a du mal à se faire un nom dans le domaine de la contraception.

En effet, entre 2008 et 2011, ils sont 4 426 322 préservatifs masculins à avoir été utilisés au Burundi, contre 28 573 préservatifs féminins. Pour les premiers, c’est compréhensible, vu que le préservatif masculin est devenu la norme au fil des années. Pour les seconds, le préservatif féminin embarque dans son sillage un certain nombre d’a priori, qui le mystifient.

Moche pour les uns…

Certaines détestent ce préservatif. « C’est moche. Une partie de l’anneau reste à l’extérieur et ce n’est pas très esthétique », indique une jeune fille, assise derrière. À côté d’elle, une autre l’épaule. « C’est très lubrifié, qu’on s’en met plein les mains en l’insérant », et d’ajouter qu’introduire un truc mou et sans forme à l’intérieur de soi, n’est pas chose facile. 

La formatrice explique alors qu’il peut être un peu difficile de s’adapter à ce préservatif au départ, mais qu’avec la pratique et l’habitude, elles verront vite la différence. Une autre fille soulève une question d’inconfort, et que ça fait un bruit de sac plastique. Tout le monde se met à rire. À quoi, la formatrice rétorque que le préservatif féminin est aujourd’hui fait en nitrile, une matière qui permet d’éviter au mieux les nuisances sonores.

… un outil au service du plaisir pour les autres

D’autres, par contre, tirent un autre son de cloche. Pour l’anneau présenté par certaines comme inesthétique, une jeune fille, assise au milieu, rétorque : « L’anneau extérieur, par son frottement sur votre partie la plus sensible, permet d’atteindre le septième ciel ». Elle renchérit que le Femidom permet également une meilleure sensation tactile, à cause de sa finesse. Un avis partagé par un garçon, à côté d’elle. « Étant plus large que le préservatif masculin, je l’adore car il ne me comprime pas », précise ce dernier.

Dans sa conclusion, la formatrice indique que ce préservatif est plus solide que le préservatif masculin, donc moins sujet aux déchirures. Et en le comparant avec le préservatif masculin, elle explique qu’il n’est pas nécessaire pour Monsieur de se retirer juste après avoir fini, et qu’une femme peut le mettre jusqu’à 8h avant d’avoir un rapport sexuel.

La sensibilisation, pour changer la donne

Selon moi, il y a un manque criant de sensibilisation. Ce préservatif devrait être distribué gratuitement comme son homologue masculin, et rendu disponible dans tous les coins du pays. Tordons le cou aux mythes et apprenons à considérer le préservatif féminin non seulement comme un moyen de contraception et de prévention, mais aussi d’autonomisation de la femme burundaise.

 

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