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ECONOMIE

Budget 2019-2020 : à quoi s’attendre avec la nouvelle taxe sur le carburant ?

Dans sa loi des Finances votée par la chambre basse du Parlement, 29 mai dernier, Gitega table sur une fiscalité des carburants en hausse de 308 %, en comparaison de celle de l’année budgétaire 2018/2019. Ainsi, selon les prévisions budgétaires arrêtées, les taxes sur les carburants  passent de 23,47 à 71,12 milliards de BIF. 

Le carburant vient en première position parmi les produits de première nécessité les plus imposés dans cette loi. Il est suivi par la bière, les limonades et l’eau minérale. Cette dernière taxe a augmenté de 114% par rapport à l’exercice en cours. Elle passe de 90 à 103 milliards de BIF.  

Y aurait-il risque de pénurie du carburant et hausse de prix à la pompe ? Cela ne fait aucun doute, l’exécutif va commencer à percevoir les taxes sur les carburants à partir du premier juillet prochain. Pour collecter 47 milliards supplémentaires par rapport à l’année passée, la hausse des prix du carburant à la pompe est inévitable. 

Pour l’année dernière, l’État avait prévu 23 milliards de taxe sur les carburants, soit 2 milliards supplémentaires par rapport à l’année 2017. Pour y arriver, il a augmenté le prix du carburant deux fois. Au mois de janvier, le prix de l’essence et du gasoil est passé de 2 100 Fbu le litre à 2 250 Fbu le litre. Le prix du pétrole de 1 800 BIF le litre à 2 000 BIF le litre. 

Au mois de décembre, les prix du litre de l’essence et du gasoil à la pompe sont passés respectivement de 2 250 BIF à 2 400 BIF et de 2 250 BIF à 2350 BIF. L’État veut collecter 47 milliards de BIF supplémentaires. Quel sera alors le prix du carburant à la veille de la promulgation de la loi des Finances 2019/2020 ? Time will tell.

D’après la structure des prix du carburant, l’État perçoit au moins trois sortes de taxes sur chaque litre de carburant vendu. Il s’agit de la taxe carburant, des droits d’accise et de la TVA.  A titre illustratif, le 6 janvier 2017, sur chaque litre d’essence vendu, il perçoit 210 FBu comme taxe carburant, 246,410 FBu comme droits d’accise et 334,71 BIF comme TVA, soit un total de 791,12 BIF. Ces trois taxes, à elles seules, constituent 32,96% du prix du litre.   

Quelles conséquences ?

La hausse du prix ne serait pas sans conséquences. Le carburant est un produit à la fois stratégique, sensible et de première nécessité. Stratégique, parce que sa pénurie perturbe le marché des produits et des services. Il est sensible parce que ses prix influencent la variation des prix de beaucoup de produits, notamment en raison de ses effets sur le prix des transports. C’est avec raison qu’il est appelé produit de première nécessité, car il est aujourd’hui impossible de s’en passer quel que soit le rang social de tout Burundais.

Par ailleurs, le carburant étant un intrant dans les circuits commerciaux, l’augmentation de son prix se répercute sur les prix des produits de première nécessité. Les consommateurs seront les premières victimes. La hausse du prix du carburant pèsera lourd sur leur dos. Ils seront obligés de débourser un plus gros budget pour se déplacer, que ce soit dans leur propre véhicule, par taxi, ou par moto.  Le service des transports est plus sensible à la montée du prix des carburants et il entraîne la hausse des autres prix, surtout ceux des produits agricoles qui quittent le milieu rural pour alimenter les centres urbains. 

Pour faire face à cette hausse, la population n’aura qu’à serrer la ceinture pour l’achat de certains produits. Ce qui réduira comme peau de chagrin leur porte-monnaie. En outre, la consommation sera affectée. Ceci se traduira par une baisse de l’investissement, de l’emploi et la croissance.

Cette hausse des prix des carburants affectera aussi les entreprises. Surtout, celles qui utilisent le carburant dans la production des biens et services. Elle déprimera l’offre de certains produits. Car leurs coûts de production vont grimper. Cela entraînera également la baisse de la marge bénéficiaire des entreprises, baissant ainsi l’offre, et partant la croissance économique.  

Le « sapeur-pompier » n’est plus 

Le pire qui pourrait aggraver la situation est la hausse du prix du baril sur le marché international. La dépréciation de la monnaie burundaise s’en suivra. Les prix de produits de la Brarudi, autres produits de première nécessité vont augmenter.

Cette situation s’est produite en janvier durant la période 1998- 2000. Le prix du baril est passé de 10 à 24 $, soit une augmentation de 140%. Par conséquent, le BIF s’est déprécié de 23%. Car le cours du dollar est passé de 505 à 620 BIF. Cette flambée a entraîné la dépréciation du BIF à cause de l’importance des importations du carburant par rapport aux autres produits. 

Cette dépréciation aurait amené la Brarudi à revoir à la hausse le prix de ses produits en raison de la nécessité des devises pour importations des matières premières. Le prix de la bière Primus de 72 cl est passé de 350 BIF à 380 BIF.

Certains analystes s’accordent pour dire que la solution à cet état de fait est la caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures. Malheureusement, cette dernière n’est plus. Cette caisse devrait soutenir le prix à la pompe si celui du baril augmente et « se rembourserait » ou « se regonflerait » lorsque ce dernier baisse. 

 

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