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La vie au Burundi : un film à ne pas manquer !

Je suis une Africaine noire de 20 ans. Je suis de nationalité burundaise et je vis dans ce petit pays au cœur de l’Afrique. C’est avec un énorme plaisir que je viens annoncer – si ce n’est, rappeler – au monde que la vie au Burundi est devenue un film, et pas n’importe lequel !

Pour me faire comprendre, nous allons supposer que chacun naît téléspectateur et qu’à un certain moment de sa vie, la personne se doit de rejoindre, malgré elle, la grande équipe derrière l’écran.

Vu que je fais partie de cette génération à qui on a chanté, pendant des années, à la maison comme à l’école « Muri Uburundi bw’ejo, muzokora ivyatunaniye » ( Vous êtes le Burundi de demain, vous ferez ce que nous n’avons pas réussi à faire ) et vu que Mpanda n’est pas si loin que ça, je pense que je suis censée déjà être actrice de ce grand projet.

Alors ce film …

Trop incroyable pour être vrai ! C’est une combinaison de tous les genres : comédie, action, suspense et horreur, la vie émotionnelle du téléspectateur n’est donc point à l’abri.  Cela dit, il faut prendre du recul, observer, rire et pleurer avant d’accepter de se jeter dans le tournage d’un film dont nous ignorons tous le vrai metteur en scène.

Nous ignorons également ses débuts et la légende raconte même que le producteur du film se serait tiré avec le vrai script. C’est une mission suicide, un terrain glissant, les acteurs n’ont aucune assurance d’où les accidents, la confusion, les bêtises et les migraines.

Un virus …

Tout le long du film, j’entends nos aînés dire vaguement que nous fixerons ce qu’ils n’ont pas pu achever – si seulement ils faisaient un effort ! Rien. Et c’est très lâche et égoïste de leur part. Ils sont trop occupés à survivre. Il y a comme un virus dans l’air et je pense que ce dernier est devenu le metteur en scène du film.

Ce virus fait perdre la raison, les acteurs deviennent méconnaissables, ils perdent l’Ubuntu, et le reste devient une fête foraine qui ne promeut que le bonheur de “soi”. Zéro immunité !

De petites gloires, à l’arraché !

Dans ce film, le banc de l’école a pris soin de tracer une ligne entre la minorité qui sait réfléchir et la majorité qui se fait manipuler. Ces deux catégories voient le monde de manières très différentes. N’y aurait-il pas une chose qui pourrait mettre les acteurs sur la même longueur d’onde, pour le bon avancement de ce film ? L’amour ? La confiance ?

Ce film ne connaît que de grands malheurs, ce qui d’ailleurs fait de nous un peuple joyeux et débrouillard, mais j’observe depuis peu, des petites gloires aussi. Je pense, le “Burundi bw’ejo”, est déjà en action, car je vois de jeunes gens qui essayent de prendre les choses en main, et ceci est donc pour leur dire courage et de veiller à ne pas attraper ce virus méchant.

Bref, nous méritons un Oscar ! Cordialement, une téléspectatrice.

 

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