S’il y a une actualité ces derniers jours qui défraie la chronique, c’est bel et bien la guerre commerciale entre la Chine et les USA. En représailles aux accusations de Washington contre Huawei, Pékin menace de restreindre ses exportations de terres rares, dont elle détient le quasi-monopole mondial. Et c’est là que le Burundi entre en jeu. Analyse.
Depuis 2019, le très peu concurrentiel marché des terres rares, dont la production est assurée à 93 % par la Chine, compte un nouvel acteur. Le Burundi. Eh oui, depuis 2017, le Burundi en est le premier pays producteur en Afrique. Il occupe déjà la 9ème place sur le classement mondial. Cette entrée discrète provient de l’extraction du gisement de Gakara, se trouvant dans la province de Bujumbura (rural), une usine de traitement flambant neuve s’élevant à 20 km des rives du lac Tanganyika.
Gérée par la société Rainbow Mining Burundi (RMB), une branche de la compagnie Rainbow Rare Earths basée à Londres, le pays a exporté 3000 tonnes en 2018. La société tablait sur une production de 5000 tonnes/an en 2018, puis 6000 tonnes à fin 2019, ce qui allait faire du Burundi le 3ème producteur derrière la Chine et l’Australie. En effet, les ressources minérales basées sur quatre des 28 cibles identifiées, montraient plus de 1,2 millions de tonnes de minerais.
Position avantageuse
Avant même que Pékin ne mette sa menace à exécution, les prix à l’export de ces métaux ont déjà grimpé. Une situation qui avantage le Burundi compte tenu du marché de l’offre et de la demande. Et d’ailleurs, nous lisons que les États-Unis via le Pentagone cherchent à se fournir en Afrique, et le Burundi est dans le viseur, car le Rainbow Rare Earths a été contacté.
Selon le directeur du RMB, la teneur des terres rares du Burundi est d’une qualité exceptionnelle et cela joue sur le prix. Des propos que confirme Patrice Christman, spécialiste des petits métaux : « C’est un des rares gisements de terres rares où la minéralisation est sous forme de filon et où on peut avoir des teneurs cumulées en terres rares qui dépassent 50%, ce qui est totalement atypique ».
Les mains liées
C’est une évidence. Le Burundi entretient une amitié intime et profonde avec la Chine. Une affirmation confirmée lors du sommet Chine-Afrique, où le deuxième vice-président disait : « Le Burundi est disposé à continuer à être un ami sincère de la Chine, à élargir la coopération pragmatique dans tous les domaines et à promouvoir les relations sino-burundaises pour un avenir meilleur ». Et d’ailleurs, l’acheteur principal de nos terres rares était la Chine. Nul doute donc que le Burundi sera obligé de soutenir l’empire du milieu, qui l’a défendu bec et ongles lors de la crise de 2015.
Signalons que les terres rares sont 17 métaux, dotés de propriétés électroniques et luminescentes, indispensables aux technologies de pointe comme les puces de smartphones, les radars, les batteries des voitures électriques, les écrans d’ordinateur portable, l’armement nucléaire,… Ils sont donc hautement stratégiques et le Burundi devra choisir un camp.