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Intolérance politique : tensions entre jeunes des partis

Depuis quelques jours, des échauffourées entre les membres du parti au pouvoir et ceux de l’opposition sont signalés. Selon des témoignages, les militants de Conseil National de la Liberté (CNL) sont actuellement les plus touchés par cette déferlante. À l’approche des élections de 2020, une situation qui risque d’empirer.

Rentrer tôt pour éviter la provocation. Une injonction « officieuse » donnée aux Inyankamugayo, ces militants du CNL, le parti d’Agathon Rwasa nouvellement agréé. Pierre*, l’un d’entre eux, brave cette consigne. Il ne peut s’empêcher de siroter sa bière jusque tard dans la nuit. « En tout cas, on ne pourra pas tous nous arrêter ou nous faire disparaître, car nous sommes nombreux », se targue-til sur un ton bravache.

Militant du FNL depuis 1995, Pierre pense qu’il représente une cible à toute arrestation. Son passé de mobilisateur au sein du FNL, devenu CNL, l’expose. Il explique : « Ils ont peur de nous. Nous accueillons ces derniers jours beaucoup d’adhérents ». Pour lui, sa formation politique siphonne la base électorale du parti au pouvoir. D’où, les Imbonerakure recourent aux intimidations et aux arrestations pour stopper cette hémorragie.

Face aux allégations de Pierre, Fabien*, membre du parti au pouvoir, lui répond : «Twebwe turipanze, tunaeneya (Nous nous suffisons) ». Pour lui, le CNL s’attribue le mérite qu’il n’a pas. Avant de lâcher : « Les résultats du dernier référendum constituent une preuve incontestable que le Cndd-Fdd est un  super parti ». Il est convaincu que son assise populaire est inébranlable. Concernant les arrestations, il fait savoir que les Imbonerakure n’y sont pour rien. La faute est aux Inyankamugayo qui enfreignent la loi. Ils tiendraient des réunions illégales.

Risque de vendetta populaire ?

À entendre ces deux militants, force est de constater que plus 2020 approche, plus on sent monter la crispation et la défiance entre les deux camps. Officiellement, les états-majors des deux partis jouent à l’apaisement. Mais les arrestations et les passages à tabac se poursuivent chaque semaine. Dans certains coins du pays, on rapporte que même les champs subissent le courroux de cette défiance. Ils sont saccagés pour des mobiles politiques. Partout, les opposants se plaignent de l’inaction de l’administration.

Quand une partie de la population croit que l’administration ne se soucie plus d’elle, la tendance est d’agir à sa place. Face aux bastonnades, et connaissant le passé de rébellion qui jalonne les deux formations, je crains que les membres du CNL ne demeurent pas de «punching-ball», et qu’ils décident de rendre la pareille. Une démarche aux conséquences souvent désastreuses.

 

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