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« S’en prendre au parti CNL, c’est s’en prendre au processus électoral »

Des militants tabassés lorsqu’ils ne sont pas tués, des permanences brûlées ou souillées…tout est mis en œuvre pour empêcher le parti CNL de faire ses activités politiques. Une violence, estime notre blogueur, qui réduit à néant la crédibilité des élections de 2020 et qui pourrait se retourner contre les persécuteurs.

Il y a quelques semaines, une attaque sur les militants du parti CNL a fait un mort et plusieurs blessés à Muyinga. Un peu avant, on parlait des permanences du CNL que des malfaiteurs souillaient d’excréments ou brûlaient. Depuis plus d’une semaine, c’est l’administrateur de la commune Bwambarangwe en province Kirundo qui fait la une des journaux pour avoir tabassé trois filles, dont une se trouverait encore à l’hôpital. Même si l’administrateur dément, les militants du CNL sont convaincus que ce dernier a « corrigé » ces filles parce qu’elles avaient dansé pour le parti CNL à l’occasion de la visite de son président Agathon Rwasa. 

Ces incidents, et beaucoup d’autres que nous ne pouvons pas citer, montrent qu’il y a des gens qui sont déterminés à utiliser tous les moyens, y compris la violence, pour empêcher le parti CNL de faire ses activités politiques et d’avoir la chance de gagner les élections de 2020. 

Violence contagieuse 

Cette violence est dangereuse, puisqu’elle réduit à néant la crédibilité des élections de 2020, dont la Commission électorale a déjà annoncé le calendrier. Pour être crédibles, les gens doivent pouvoir voter ou se faire élire librement. Sans cette liberté, le système électoral est faussé d’avance. 

Mais cette violence est aussi dangereuse pour ceux qui persécutent les militants du CNL, puisqu’elle peut se retourner contre eux, surtout si le CNL gagne ces élections. Ceux qui s’en prennent au CNL pensent que le pouvoir est de leur côté et qu’ils ne risquent rien. Ils sont aussi et surtout convaincus que le CNL n’a aucune chance de gagner les élections et de se venger. Mais ils devraient se méfier puisque rien n’est jamais sûr. En 1993, l’UPRONA qui était au pouvoir était convaincu qu’il allait gagner les élections, mais le sort en a décidé autrement puisque c’est le FRODEBU qui a gagné. L’Histoire a la fâcheuse tendance à se répéter. Et je suis convaincu que si le CNL gagne, ceux de ses militants qui auront été persécutés y verront une occasion pour se venger. 

Le respect mutuel plus important que les élections 

Martin Luther King disait : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » Même si le CNL ne gagnait pas ces élections et n’avait pas l’occasion de se venger, il est important de préserver la paix entre les Burundais. Les partis politiques sont passagers : ils naissent, grandissent et meurent, et ni le CNDD-FDD ni le CNL n’échappera à ce principe. Le Burundi restera la propriété de nous tous, et les militants des différents partis auront toujours besoin des uns des autres. 

Certaines autorités semblent avoir compris que cette violence ne profite à personne. C’est le cas du ministre de l’Intérieur Pascal Barandagiye qui a profité des travaux communautaires samedi à Magara en province Rumonge pour appeler les autorités à punir ceux qui s’adonnent à la violence. « Si tu es du CNDD-FDD ou Imbonerakure et que tu veux de bonnes élections, tu dois respecter ceux des autres partis. Tu dois respecter les Inyankamugayo, les JRR, etc. Si tu es du FRODEBU et du CNL, tu dois respecter ceux du CNDD-FDD, de l’UPRONA et des autres partis… », a-t-il assené. 

Ce genre de discours est le bienvenu, mais il ne peut produire les effets escomptés que s’il est suivi par une volonté manifeste et des actes concrets visant à punir tous les auteurs de violence d’où qu’ils viennent. Le Burundi a connu suffisamment de violence, surtout en période électorale. Il est temps de prouver que nous sommes capables de mener des élections VRAIMENT apaisées. 

 

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