Notre dossier sur l’emploi dresse un portrait pessimiste des opportunités pour les jeunes, avec raison : le chômage chez les jeunes Burundais est trois fois plus élevé que chez les personnes âgées de 35 ans et plus. Mais le Burundi n’a-t-il pas des potentialités pour diminuer ou en finir avec ce phénomène?
La plupart des jeunes ayant des embauches sont dans le domaine des activités productrices des matières non transformées : agriculture, pêche, élevage, etc. L’étude menée en 2016 par le Réseau des organisations des jeunes en action (REJA) fait état de 88,57% de Burundais évoluant dans le secteur primaire, de 1,8% dans le secteur secondaire et de 9,63% dans le secteur tertiaire.
De par ces chiffres, il est évident que les secteurs qui devaient pourvoir beaucoup d’emplois, les secteurs secondaires et tertiaires, en créent en quantité très insignifiante.
Audit des opportunités d’embauches
Pour ce faire, Prosper Niyoboke, enseignant à la faculté des sciences économiques à l’Université du lac Tanganyika, propose au préalable l’identification de la jeunesse en chômage. Cela pour les mettre dans différentes catégories en fonction des besoins des uns et des autres.
Après, il propose l’audit complet d’opportunités d’embauche ou des besoins en emploi. Il ne met rien de côté, de l’informel tout comme du formel : «Ce travail est capital. Le champ est énorme».
Ainsi, assure-t-il, on connaîtra en termes quantitatif et qualitatif les capacités d’entreprendre, la main-d’œuvre des jeunes disponible, et les moyens disponibles et nécessaires à mobiliser, les besoins en renforcement des capacités, etc., en cas de besoin.
Prosper Niyoboke recommande aux autorités de penser à des investissements en fonction des spécialités des lauréats et des besoins en emploi d’une localité donnée. Il leur conseille aussi d’organiser les établissements d’enseignement supérieur de telle sorte qu’il y ait l’adéquation entre la formation et l’emploi. Ceci permettra à bon nombre de lauréats d’être les patrons d’eux-mêmes en créant de petites et moyennes entreprises (PME). Ils donneront du travail à d’autres jeunes, etc.
Cet universitaire rassure que les opportunités sont nombreuses au Burundi : «Le terrain est vierge, le potentiel est disponible, la courbe des besoins est exponentielle».
Gestion équitable des richesses
De son côté, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), appelle à une exploitation équitable des richesses dont dispose le Burundi. Ainsi, elles profiteront à tous les Burundais et le chômage ira decrescendo.
Cet activiste de la société civile parle aussi de la diminution des naissances : «La fécondité de 6 enfants/femme entraîne le déséquilibre entre la croissance démographique et la croissance économique». Il faut changer sinon il est difficile de réduire le chômage qui mine la jeunesse burundaise.
Urgence
Étant le plus grand pourvoyeur d’emplois au Burundi à raison de 77,74%, il convient de promouvoir le secteur privé. Des initiatives sont possibles dans plusieurs domaines. Mais, il faudrait privilégier le secteur minier et surtout le secteur tertiaire, c’est-à-dire les services en raison de leurs potentialités : l’accent sur le tourisme, l’informatique et toutes les possibilités accessoires, etc.
En raison de leur majorité, les jeunes constituent le capital humain pour la croissance économique. Il est clair que le pays ne peut avoir une bonne croissance économique si les jeunes ne travaillent pas. Mais aussi, qui ne sait pas que le désœuvrement de la jeunesse constitue une bombe à retardement?
À quiconque de donner alors sa contribution pour la désamorcer. Pour rappel, la jeunesse constitue la majorité numérique de la population burundaise.