LE JOURNAL.AFRICA
SOCIETE

Mariés grâce à Whatsapp

Les réseaux sociaux. On les utilise tous les jours. Ils servent à nous rapprocher sans contraintes géographiques, connaître les infos en temps réel (fake news compris), faire le business (reka mbone bamwe badandaza utwabo n’utw’abandi kuri Whatsapp). Mais il y a aussi ce côté que j’appellerais «success story» dont on n’entend presque jamais parler, surtout au Burundi. Comme ces histoires d’amour nées des réseaux sociaux et qui ont abouti au mariage. Témoignage.

Il y a une année, Dominique* et Mia*, deux jeunes gens de Bujumbura se sont dit «oui» pour la vie ou «Ego ndavyemeye cane gose», selon la nouvelle formule de l’état civil au Burundi. Ce que beaucoup de leurs amis ignorent, y compris la quasi-totalité de leurs familles, c’est qu’ils se sont connus via WhatsApp. Muti gute?

Ici on est au début du fameux 2015. Mia est une jeune fille qui vient juste de commencer la deuxième année dans la faculté de Gestion et Administration à l’Université Lumière de Bujumbura. Débrouillarde qu’elle est, elle décroche un job dans une entreprise appartenant aux ressortissants du pays-frère et très ami du Burundi, la Chine. Comme l’a dit Don Moen, crions «God is good, all the time» car trouver un boulot étant encore à l’école ce n’est pas donné à tout le monde. De son premier salaire, elle achète un smartphone pour avoir WhatsApp comme tout jeune de Bujumbura qui se respecte.

Au début des manifestations ou de l’insurrection, c’est toujours selon, Mia intègre un groupe WhatsApp pour avoir accès à l’information et c’est dans le même groupe que se trouvait un certain Dominique, jeune étudiant de Bujumbura. Comme la situation empirait du jour au jour et que certaines personnes n’allaient plus vaquer à leurs activités, et que la Regideso ne coupait même plus l’électricité dans certains quartiers dits contestataires (au grand bonheur des habitants), l’occupation favorite des jeunes était alors WhatsApp et Facebook pour rester informés.

«Certains soirs, des débats avaient lieu dans le groupe sur la situation du pays, les solutions qui pourraient être envisagées, comment se comporter dans ce genre de situation etc., et les idées de Dominique me plaisaient. Il avait cette façon de penser d’un homme mûr, de quelqu’un qui a vécu des situations difficiles et qui ont forgé son caractère. Souvent je quittais la conversation de groupe pour lui dire inbox que j’étais fan de ses idées. Ainsi commença l’histoire», relate la jeune Mia, radieuse, en se rappelant ces moments.

Karma

Mia continue. «Plus les jours passaient, plus les conversations inbox prenaient de l’ampleur et devenaient de plus en plus longues. Parfois on se parlait de 19h du soir à 4h du matin. C’est fou je sais. Mais on trouvait toujours de quoi parler. Même maintenant qu’on est marié, on peut parler jusqu’à 5h du matin et aller au boulot à 7h. Jusque-là, on ne s’était pas encore vu. Mais on aurait dit qu’on se connaissait depuis des années. On s’était même avoué notre amour, jiwaze. Ce n’est qu’après 4 mois de vie commune sur WhatsApp qu’on s’est vu en live ou face to face si vous voulez.» Je vois les amoureux des Harlequin qui commencent à se demander «Vyagenze gute????». Dominique raconte la suite.

«Ne sachant pas à quoi m’attendre kuko ifoto zirabesha, surtout chez les filles, je m’étais préparé à tout et pourtant le cœur battait très fort. Et la petite voix dans ma tête murmurait : ‘Rasta ugiye kuraba umu chérie wawe utarabona’’. J’étais anxieux. Fort heureusement je suis arrivé en premier lieu et Mia après. Quand je l’ai vue…coup de foudre…ralenti…tout ce qu’on voit dans les films, sauf la petite musique, je l’ai vécu. Tomber amoureux au carré, croire qu’on est le mec le plus chanceux que la terre, le ciel et la mer aient jamais connu…ndabatuye iki yambii cakurikiye…oooh doux Jésus…»

Après cette première rencontre, les tourtereaux se sont mariés et aujourd’hui ont un fils. Qui disait que za Wasapu zonona gusa?

À tous les admins des groupes WhatsApp, big up.

* pseudo

 

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