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Burundais, persona non grata à la frontière ougandaise ?

Alors que le 18 décembre une centaine de jeunes scouts ougandais se voyaient refuser d’entrer sur le territoire burundais, depuis janvier 2019, des Burundais se feraient en retour refouler à la frontière ougandaise. Témoignages.

C’est mardi, 22 janvier, très tôt le matin. Jean et Martin (appelons-les ainsi) sont deux voyageurs burundais parmi tant d’autres qui montent à bord d’un même bus vers l’Ouganda. Jean est père de famille, avec 5 enfants. Pour subvenir aux besoins de cette dernière, il fait de petits commerces à Kampala, la capitale ougandaise. Tandis que Martin, lui, est un jeune qui y fait ses études secondaires.

Les deux individus témoignent de leur mésaventure le long de leur voyage. D’abord à Kobero, frontière burundo-tanzanienne, on a failli leur refuser le passage. Des policiers burundais refusent que le bus traverse la frontière ayant appris que la destination des passagers est l’Ouganda. Malheur à celui qui  osera demander le pourquoi de cette mesure : ses documents de voyage sont confisqués. Heureusement, ils sont finalement autorisés à traverser la frontière après de longues négociations acharnées.

Toutefois, la bataille de ces passagers qui veulent à tout prix se rendre vers le pays de Museveni n’est pas finie. Le comble se produit à leur arrivée à la frontière ougando-tanzanienne : «Les agents de la frontière du côté de l’Ouganda nous ont refoulés», témoigne Jean. «Ils ont déclaré d’une manière irrévocable : ‘’Tous les passagers en provenance du Burundi sont priés de retourner chez eux’’.  On eut droit à aucune forme d’explication en rapport avec cette décision. Ce qui nous laissa tous abasourdis», continue-t-il. Heureusement Jean aura la chance de s’infiltrer dans la masse pour traverser la frontière, contrairement à Marc, le jeune étudiant qui a été contraint de prendre le chemin du retour. «On avait débarqué vers l’Ouganda étant une quarantaine de passagers burundais mais on a été  que 9 à arriver à destination».

Pourtant, les deux pays sont membres d’une même communauté

Ainsi donc va la situation à ladite frontière depuis peu. Quelques jours auparavant, un autre jeune Burundais s’était fait expulser quand il tentait de traverser la frontière qui sépare l’Ouganda et le Rwanda pour aller gagner sa vie à Kampala. Et ce qui suscite encore plus de colère, c’est qu’aucune de toutes ces victimes n’a le droit de savoir la raison de cette attitude vis-à-vis des Burundais.

Pourtant les deux pays sont membres de la communauté Est africaine. Ils devraient par conséquent jouir de la libre circulation de biens et de personnes comme stipulé par l’article 5 du protocole du Marché commun de l’EAC. Cela dit, les pays membres de cette communauté peuvent échanger les marchandises ainsi que les travailleurs, un homme d’affaires burundais pouvant par exemple se trouver un marché d’écoulement dans les États membres de cette communauté sans être discriminé sur base de son pays d’origine. Pareille pour un citoyen d’un pays membre de l’EAC en quête d’emploi.

Cette situation aux frontières n’a pas toujours été ainsi. Le Burundi depuis son entrée dans la communauté est-africaine entretenait de bonnes relations avec l’Ouganda. Si aujourd’hui les Burundais sont discriminés à  la frontière ougandaise, c’est que quelque chose se cache derrière. Si rien n’est fait, ce phénomène ne fera qu’augmenter les cas d’immigration clandestine, avec tous ses risques. Il appartient à nos dirigeants d’identifier les racines du problème et ainsi trouver une solution.  

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