Selon des habitants de la ville de Damaturu, dans l’Etat de Yobe, des membres présumés de la branche de Boko Haram affiliée au groupe de l’Etat islamiste en Afrique de l’ouest, ISWAP, sont derrière l’attaque.
"Des jihadistes de Boko Haram ont lancé une attaque sur Damaturu vers 17h45 (16h45 GMT), tirant des coups de feu et lançant des explosifs", a déclaré à l’AFP Adamu Sani, un commerçant. Les habitants cherchent à se mettre à l’abri et les commerces ONT fermé tandis que "des camions de soldats se dirigeaient" vers la ville, a-t-il dit.
Hashimu Idris, un fonctionnaire, a ajouté que "tout le monde est à l’intérieur. Nous prions pour que les soldats les repoussent (les assaillants) sinon ce sera une nouvelle catastrophe pour la ville", déjà attaquée par Boko Haram en 2014.
Des membres d’une autre faction du groupe, dirigée par Abubakar Shekau, avait lancé un raid sur Damaturu le 1er décembre 2014 où plus de 150 personnes, dont 38 policiers, avaient été tuées. En juin de la même année, un attentat à la bombe avait fait 21 morts parmi des téléspectateurs regardant un match de football en public.
Cette nouvelle attaque de Boko Haram intervient alors que l’armée nigériane se prépare à une offensive contre le groupe islamiste dans l’Etat de Borno, voisin du Yobe.
Deux mille personnes sont arrivées mardi dans la grande ville de Maiduguri, capitale du Borno, évacuées par l’armée "en raison d’une opération militaire pour détruire les insurgés dans la région", a déclaré le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) Abdulkadir Ibrahim. Un responsable militaire a évoqué "une grosse opération" en préparation contre l’ISWAP.
Les habitants de Jakana, à 40 kilomètres de Maiduguri, ont été emmenés en camion dans un camp de déplacés de la ville.
Le conflit avec Boko Haram a fait plus de 27.000 morts depuis son début en 2009 et 1,8 de personnes sont toujours déplacées dans le nord-est du Nigeria. Mais il n’est pas le seul à déchirer le pays le plus peuplé d’Afrique, une série de violences ayant fait plus de 100 morts rien que ces quatre derniers jours à travers le pays.
Dans le Sud-Est, des "cultistes", ces petits groupes criminels ou mafieux, employés par des individus à des fins politiques ou économiques, et qui mêlent souvent croyances et rites de magie noire, ont causé la mort d’au moins huit personnes, selon des responsables locaux.
Dans le Sud-Ouest, dans l’Etat d’Ondo, un braquage de banque ayant mal tourné a fait sept morts, lundi.
– Tueries et enlèvements –
Mais c’est dans les régions du Nord que les bilans restent les plus élevés: outre les jihadistes de Boko Haram, les groupes de voleurs de bétails sément la terreur tandis qu’agriculteurs et éleveurs peuls s’opposent dans la ceinture centrale.
Environ 200 personnes ont d’ailleurs envahi lundi une route importante dans l’Etat de Kaduna, au niveau de Birnin Gwari, pour protester contre "les tueries et les kidnappings incessants", après la mort ce weekend de deux policiers en poste pour assurer la protection des habitants.
Quelques heures auparavant, à une centaine de kilomètres de là, des violences entre agriculteurs et éleveurs peuls ont fait vingt morts, selon les chiffres officiels.
En raison du manque de personnel de sécurité, les autorités locales payent et arment des civils pour défendre les villages. Ainsi le gouverneur de l’Etat de Zamfara, dans le nord-ouest, a annoncé il y a quelques jours qu’il embaucherait 1.700 "chasseurs traditionnels" supplémentaires, s’ajoutant aux 8.500 recrutés en 2018.
Les affrontements entre milices et bandits tournent souvent au bain de sang: ils ont fait 50 morts ce weekend dans l’Etat de Zamfara et 14 dans celui de Katsina, selon la police.
Le président Muhammadu Buhari, dans un communiqué publié mardi, a appelé à la paix et dénoncé "cette culture +oeil pour oeil, dent pour dent+ qui a nourri nombre d’attaques".
Samedi déjà, le chef de l’Etat, récemment réélu pour un second mandat, avait assuré: il "n’y a pas d’autre problème qui occupe davantage mon esprit que la sécurité".
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