"Il ne peut y avoir de combat parce qu’il n’y a pas photo", a lancé Macky Sall, déterminé à l’emporter dès le premier tour, devant les dizaines de milliers de ses partisans venus l’acclamer au stade Léopold Sedar Senghor, le plus grand du pays.
"Partout où nous sommes passés, la déferlante marron-beige l’a emporté", a-t-il assuré, en référence aux couleurs de la coalition présidentielle, arborées par de nombreux jeunes, hommes et femmes, dansant au rythme de la musique des haut-parleurs près de la pelouse et applaudissant le chanteur et ancien ministre Youssou Ndour.
Après avoir sillonné le pays pendant quinze jours, les candidats Macky Sall, Idrissa Seck, l’ancien inspecteur des impôts Ousmane Sonko, l’ex-ministre Madické Niang et le président d’université proche de la mouvance religieuse Issa Sall, ont regagné la capitale pour l’ultime semaine de campagne.
"Il travaille, il faut le laisser continuer", s’exclame Awa Diafoune, originaire de Casamance (sud), particulièrement sensible à l’achèvement du "pont de la Sénégambie", inauguré il y a un mois par le président sénégalais et son homologue gambien, qui permet d’accéder plus facilement à sa région natale.
"Je soutiens Macky Sall pour ce qu’il a réalisé dans ce pays, les bourses de sécurité familial, les routes…", s’enthousiasme Fatou Ba, militante du parti au pouvoir et vendeuse d’ustensiles de cuisine.
– "Pas de travail" –
Serigne Khabane Fall, un tailleur de 23 ans en complet bleu-blanc, "satisfait des réalisations de Macky Sall", veut désormais "s’il est réélu qu’il aide les jeunes en leur octroyant des financements".
Mais sur la place de l’Obélisque pavoisée d’orange, la couleur d’Idrissa Seck, dans un vacarme assourdissant, ses partisans croient dur comme fer au changement après le vote de dimanche.
"On veut un changement pour les jeunes, et Idy (surnom d’Idrissa Seck, ndlr) va nous donner du travail", espère Adama Mgom, 42 ans, un maçon journalier, très maigre, au front ceint d’un bout de tissu orange, originaire de Fatick (centre).
"Il y a des jours où je travaille, et où je gagne 2.000 francs (environ 3 euros, NDLR) par jour. Mais la plupart du temps, je n’ai pas de travail", soupire-t-il. "Il y a des jours où je ne mange pas, et les gens du gouvernement s’en mettent plein les poches".
Fin 2017 le taux de chômage atteignait 15,7% au Sénégal, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie.
Aïssa Sall, 25 ans, jeune fille replète arborant perruque rouge et sifflet multicolore est "pour Idy parce qu’il va faire des choses pour les jeunes".
"Je suis diplômée en secrétariat, mais il n’y a pas de travail. Alors je reste à la maison de mes parents à ne rien faire, toute la journée. J’ai l’espoir que ça change en votant contre Macky Sall", confie-t-elle.
Votre avis
Voir les commentaires