Dans la région du Nord-Ouest, au Cameroun, en proie à une crise sécuritaire depuis plus de cinq ans, où en est le processus « Désarmement, démobilisation, réinsertion » (DDR) ? Lancé fin 2018 par les autorités, le programme se donnait pour objectif de « déradicaliser » les ex-combattants et de les accompagner pour un retour à la vie civile.
Avec notre correspondant à Bamenda, Alphonse Tebeck, et Amélie Tulet à Paris
Au centre DDR (Désarmement, démobilisation, réinsertion) de Bamenda, principale ville du Nord-Ouest, vivent plus de 300 personnes – ex combattants, femmes et enfants. Certains sont là depuis plus de trois ans.
Samuel* et Cyprian* ont respectivement 29 et 32 ans. Tous deux racontent avoir pris les armes, non pas par conviction mais forcés par les circonstances, par manque d’argent ou sous la menace. Ils aspirent à retrouver une vie normale et trouvent le temps long. « Personne ne veut rester comme ça pendant trois ans. J’appelle le gouvernement à regarder notre situation. Je ne suis pas seulement un ex-combattant, je suis devenu un enseignant dans ce centre », plaide Samuel.
« La plupart des combattants, c’est la pauvreté qui les a fait prendre les armes, donc s’ils nous voient sans source de revenus, alors qu’eux ont un petit quelque chose grâce à leurs armes, ça ne va pas les motiver, souligne Cyrpian. Si les autorités pouvaient accélérer l’aspect « réintégration » du processus, je pense que cela encouragerait plus de combattants ambazoniens à rejoindre le centre DDR. »
« Quand ils sortiront ils seront équipés pour survivre »
Le centre est encadré depuis septembre par Henri Kum. Pour lui, il est normal que le retour à la vie civile prenne du temps. « Beaucoup sont arrivés ici quasiment illettrés. Ils apprennent beaucoup de choses ici. En plus, la déradicalisation prend du temps, estime-t-il. Quand ils sortiront pour rejoindre la société, ils seront bien formés, équipés pour survivre. »
Avant de pouvoir retourner à la vie civile, les occupants du centre DDR de Bamenda attendent de déménager dans des bâtiments neufs censés les accueillir à Bafut.
*Les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des interlocuteurs.
► À lire aussi : Cameroun: HRW dénonce les exactions commises par les groupes armés séparatistes contre les civils