À Madagascar, négociations tendues concernant l’augmentation des tarifs de l’électricité pour les entreprises, entre le secteur privé et la Jirama, la société publique de distribution d’électricité et d’eau. Celle-ci a annoncé aux différents groupements du secteur privé une hausse de 80 % à 100 % du prix de l’électricité pour ce mois de juillet. Mais le secteur privé demande qu’on redresser la compagnie nationale sans mettre en péril les entreprises, les emplois et l’économie du pays.
De notre correspondante à Antananarivo,
La nouvelle grille de tarifs présentée par la société publique d’électricité a été rejetée en bloc par les groupements d’entreprises. « Une hausse aussi importante de façon si soudaine, ce n’était pas possible et c’était inacceptable. Nous avons eu une contre-proposition de la part de la Jirama, mais cela nous semblait encore trop élevé. Nous sommes retournés auprès de nos membres pour les consulter et le retour a été très clair : on tue des emplois, ce faisant. Nous sommes d’accord qu’il faut une augmentation. On sait qu’elle sera significative, mais elle doit être échelonnée sur quelques mois. C’est pourquoi nous souhaitons reprendre les discussions », fait savoir Thierry Rajaona, président du Groupement des entreprises de Madagascar.
Ces tarifs doivent contribuer à redresser l’équilibre financier et opérationnel de la Jirama, criblée de dettes et confrontée ces dernières semaines à des difficultés pour fournir de l’électricité. Les Malgaches ont subi encore des délestages en fin de semaine.
« Dans sa forme actuelle, la proposition de la Jirama s’apparente à faire disparaître un certain nombre d’industries vitales pour le reste de l’économie à Madagascar », réagit Hery Lanto Rakotoarisoa, président du Groupement des Entreprises Franches et Partenaires, qui évoque le cas des industries lourdes comme la cimenterie ou le textile, grandes consommatrices d’énergie, qui perdront avec ces prix de l’électricité toute compétitivité :
« Dans le textile, nous sommes notamment en compétition avec l’Île Maurice ou l’Éthiopie, des pays qui soutiennent leur industrie en subventionnant l’électricité, poursuit-il. Les entreprises ne sont pas contre une augmentation, mais si on veut encore soutenir l’industrie à Madagascar, ça ne peut pas se faire comme ça. Il faut identifier les secteurs qui sont très sensibles à ce type de tarif pour les ménager. Nous sommes à la disposition de l’État et des bailleurs de fonds pour essayer de trouver la solution la plus acceptable pour essayer de ménager l’économie malgache. »
Les discussions doivent se poursuivre cette semaine entre le secteur privé, la Jirama, l’État malgache et la Banque mondiale. Cette dernière, qui finance un projet d’amélioration du fonctionnement du secteur de l’électricité dans le pays, recommande cette nouvelle grille tarifaire.
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