Après trois saisons dans la célébrissime université d’Arizona, le pivot camerounais Christian Junior Koloko est l’espoir africain qui devrait être choisi le plus haut durant la session 2022 de recrutement (Draft) de la Ligue nord-américaine de basket-ball (NBA), qui aura lieu dans la nuit du 22 au 23 juin à Brooklyn. Joueur au parcours peu commun, le natif de Douala souhaite marcher sur les pas de ses compatriotes déjà All Stars NBA, Pascal Siakam et Joël Embiid.
Après une superbe saison 2021-2022 qui a vu le couronnement des Golden State Warriors de Stephen Curry et du débutant congolais Jonathan Kuminga, la NBA conclut cet exercice avec la traditionnelle grand-messe de la Draft, ce soir, à Brooklyn.
Sur les 250 candidats et prétendants, très peu seront élus. Seulement 58 joueurs seront appelés par le président de la NBA, Adam Silver, et ainsi entrer par la grande porte dans la meilleure ligue de basket du monde.
Une croissance rapide le pousse vers le basket
Parmi les espoirs (« prospects ») qui seront appelés rapidement à se rendre sur la scène et poser avec la casquette de leur future équipe sur la tête, le Camerounais Christian Junior « C.J » Koloko, le pivot star d’Arizona, qui sort d’une saison sublime avec la meilleure équipe universitaire 2021-2022 (34 victoires, 3 défaites seulement). « Nous ne sommes qu’à quelques heures du grand soir, et je sens un peu la pression, car j’ai hâte de savoir où je vais jouer la saison prochaine, sourit Koloko. Mais j’ai bossé dur pour en arriver là, et je touche mon rêve du bout des doigts. »
Né à Douala, Koloko démarre par le football avant de s’orienter rapidement vers le basket-ball à l’âge de 12 ans, du fait d’une forte poussée de croissance (il passe de 1m65 à 1m89 en 18 mois !). Au bout de quelques entraînements, il sent que la passion pour le ballon orange est grandissante, mais ne pense toujours pas à un futur comme sportif de haut niveau, lui qui a toujours été un étudiant brillant. « J’étais très concentré sur l’école, et je voulais être un très bon étudiant avant de penser au sport, affirme-t-il. Je pense que le fait de vouloir être compétitif et de devenir le meilleur élève possible m’a aussi permis aujourd’hui d’utiliser ce même état d’esprit dans le basket. »
Sollicité par les prestigieuses universités Stanford, Princeton et Harvard
Le jeune Lion indomptable progresse sur les terrains à vue d’œil, et en 2017, il reçoit des offres pour se rendre aux États-Unis et ainsi faire sport-études dans un lycée de Californie, à Sierra Canyon School. Le jeune Koloko ne parle pas un mot d’anglais, mais qu’importe : il veut tirer profit de cette opportunité et met les bouchées doubles sur les terrains et en dehors. Le travail paye, et au bout d’un an et demi, il reçoit des offres des grandes universités comme Arizona, California, et Vanderbilt, mais aussi des plus prestigieuses du pays comme Stanford, Princeton et Harvard qui sont séduites par son parcours scolaire brillantissime.
« J’ai choisi Arizona car la tradition basket de cette fac ainsi que la qualité des cours qui m’y étaient proposés m’a rapidement séduit. Des gars comme Steve Kerr, Mike Bibby et Gilbert Arenas [trois anciens joueurs NBA, Ndlr] sont passés par ici, donc le choix a été le meilleur pour moi », se souvient-il.
Durant ses deux premières saisons, l’intérieur camerounais n’a pas vraiment l’opportunité de briller, lui qui est utilisé de façon irrégulière. Mais avec l’arrivée de Tommy Lloyd à l’été 2021, l’un des meilleurs techniciens du pays, la situation du numéro 35 change radicalement.
« L’albatros » prend son envol
Celui que l’on surnomme l’Albatros, du fait de sa taille (2m18) et de son envergure gigantesque (2m32 !), profite de la nomination du nouveau staff pour s’installer dans le cinq majeur de l’équipe et ne tarde pas à exploser en championnat universitaire (NCAA). Il passe de 6 points et 3 rebonds de moyenne à.…18 points et 10 prises par match, et amène son équipe en quarts de finale de la March Madness, le tournoi annuel NCAA et l’une des meilleures plateformes pour taper dans l’œil des équipes NBA.
Il est élu dans le meilleur cinq majeur de la saison pour les équipes de la moitié Ouest du pays. C’est alors qu’il décide de passer au niveau supérieur, et s’inscrit à la Draft. « Après trois ans à la fac, j’estime que j’ai fait le tour de la question, et mon rêve d’aller en NBA est là, juste devant moi, et ainsi rejoindre mes compatriotes Pascal Siakam, qui est aussi de Douala, et Joël Embiid, afin de donner encore une raison de plus aux Camerounais d’être fiers, en voyant qu’un autre enfant du pays arrive dans la meilleure ligue du monde », affirme celui qui a en outre réussi à décrocher son diplôme de Master avec…deux ans d’avance.
Les précieux conseils de Joël Embiid
La comparaison avec Embiid est fréquente, et Koloko se sent privilégié de recevoir des conseils du pivot des Sixers de Philadelphie, un grand frère qui a vécu quasiment le même parcours que lui : « Il me dit de tout donner, de montrer de quoi je suis capable et que tout va bien se passer. Il est d’un super soutien, je suis vraiment reconnaissant de cela. Quel joueur ! Quel intérieur n’aimerait pas recevoir des conseils de Joël [rires] ? C’est le meilleur pivot de la ligue ! »
Ce soir, Koloko, dont la cote ne cesse de grimper sur les prédictions des experts de la Draft, saura quelle sera sa nouvelle étape, et entrera dans la NBA par la grande porte, sans oublier le chemin parcouru : « Quand je regarde dans le rétroviseur, je me dis que j’ai fait beaucoup de sacrifices, mais que ça en vaut vraiment le coup. Venir d’où je viens, moi, l’enfant de Douala, et être aux portes de la NBA, je me dis de temps en temps que c’est juste incroyable. Mais je ne prends rien pour acquis, je suis fier d’être un représentant africain et camerounais au plus haut niveau et je veux rendre mes compatriotes fiers. J’ai le Cameroun dans mon cœur, dans mon âme. Je suis heureux de vivre une étape supplémentaire dans le voyage de ma vie, et je suis enthousiaste quant à la suite.»