En Gambie, le gouvernement doit donner sa feuille de route aujourd’hui sur la mise en œuvre des poursuites à l’égard de l’ancien régime. Une nouvelle étape dans le processus de justice transitionnelle entamé en 2017, après l’exil de l’ancien président Yahya Jammeh en Guinée équatoriale. À quelques heures de ce moment décisif, rencontre avec Awa Njie, veuve en quête de justice.
Avec notre correspondant à Banjul, Milan Berckmans
Dans les bureaux de l’association WAVE, qui aide les femmes des victimes de l’ancien régime, Awa Njie, 58 ans, se remémore un coup de téléphone, le 12 novembre 1994, après le coup d’État militaire de Yahya Jammeh. « On m’a dit : « On ne peut pas en parler, mais votre mari est mort la nuit dernière ». Ensuite je crie, je tombe, je m’évanouis », raconte-t-elle.
Après la mort de son mari, Abdoulie Dot Faal, Awa Njie se retrouve seule avec ses enfants. Encore aujourd’hui, elle a du mal à s’en sortir financièrement, malgré les compensations financières qu’elle a reçu de la part des autorités. « Maintenant, même pour payer mon loyer, c’est difficile. Pour me nourrir et nourrir mes enfants, c’est difficile. Je n’ai personne pour m’aider », témoigne la mère de famille.
« Nous avons besoin de cette justice »
En plus de ces difficultés, elle parle d’un sentiment d’impunité au quotidien, avec certaines anciennes figures du pouvoir toujours en liberté en Gambie. « Vous les croisez parfois, dans la rue vous les voyez. Vous voyez que ces personnes profitent de la vie, alors que vous vous souffrez, avec vos enfants. C’est tellement dur », souffle-t-elle.
Pour cette mère de famille, en plus de réparations plus conséquentes, ce qu’elle espère, c’est que justice soit rendue: « Nous avons besoin de cette justice pour réduire le traumatisme que nous avons porté tout au long de notre vie, depuis 1994 ».
Comme Awa Njie, la plupart des victimes en attendent plus de la part du gouvernement d’Adama Barrow.