Guerre en Ukraine, sécheresse… Le marché du blé mondial souffre de circonstances difficiles, et le prix de la tonne a presque doublé en deux ans. Depuis l’annonce de l’embargo indien samedi 14 mai, pourtant annoncé comme l’un des substituts au blé ukrainien et russe, les pays importateurs cherchent des solutions pour protéger les consommateurs. Parmi eux, le Maroc et l’Algérie font partie des plus dépendants du blé venus d’Europe de l’est. Et dans les deux cas, l’Etat met la main à la poche.
Deuxième plus gros importateur de blé en Afrique, l’Algérie s’était récemment tournée vers la Russie et l’Ukraine. Sur le marché intérieur, face à l’augmentation des prix, la stratégie algérienne se veut protectionniste. Youssef Benabdallah, professeur d’économie
« En Algérie, les prix du blé et de ses dérivés sont soutenus par le budget de l’Etat, il n’y a aucune répercussion sur le consommateur, ceci dit, ce manque à gagner sur le plan budgétaire va se répercuter sur les actions de l’Etat, voire dans le pire des cas, augmenter son déficit. »
Même si elle est moins généralisée, le Maroc a lui aussi mis en place une politique de blocage des prix, mais à la guerre en Ukraine, s’ajoute une grande sécheresse des terres agricoles du pays, qui a réduit les récoltes de blé de plus de moitié cette année. Ce qui inquiète l’enseignant chercheur en économie Najib Akesbi.
« Au-delà des bonnes ou mauvaises récoltes annuelles, le Maroc est structurellement dépendant. A supposer qu’on arrive à tenir jusqu’au début de la prochaine campagne, il faut semer, travailler, encore espérer que l’année prochaine soit pluvieuse. Et donc à supposer qu’il y ait toutes ces conditions favorables, il faudra qu’on puisse s’approvisionner. Et on ne peut s’approvisionner que du marché mondial. »
Cette semaine encore, le cours du blé a atteint le prix historique de 483 euros la tonne, et avec la sécheresse qui a aussi gagné la France, premier exportateur européen, la situation pourrait encore s’empirer.