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Madagascar: forte augmentation du blanchiment d’argent en 2021

Photo taken on April 29, 2010 in Paris shows two gold lingots. France's credit rating is not at risk, its budget minister said on April 30, 2010, after debt-ridden fellow eurozone members Greece, Portugal and Spain saw theirs downgraded. AFP PHOTO THOMAS COEX (Photo by THOMAS COEX / AFP)

À Madagascar, le rapport annuel du Samifin, l’organisme de traque des financements illicites, a révélé que plus de 1 800 milliards d’Ariary avaient été blanchis en 2021, soit trois fois plus qu’en 2020. Comment expliquer ce bond, alors que l’une des promesses phares du président de la République, Andry Rajoelina, entré en fonction en 2019, était la « tolérance zéro envers la corruption » ?

Avec notre correspondante à Madagascar, Laure Verneau

C’est le temps de rapports annuels et des bilans. La lutte anti-corruption n’échappe pas à cette règle. Pour Hony Radert, la présidente du Collectif des citoyens et des organisations citoyennes (CCOC)une plateforme de la société civile, il ne s’agit pas tant d’un recul au niveau de la loi qu’une non-application des lois existantes. Par exemple, l’Agence de recouvrement des avoirs illicite ne fonctionne que depuis la semaine dernière, car son directeur n’avait pas été nommé jusqu’ici par l’exécutif, commente-t-elle.

D’après elle, « ce poste vacant a aussi contribué à favoriser ce laxisme et la multiplication des fraudes et des infractions fiscales. Alors que l’État parle de tolérance zéro vis-à-vis de la corruption, on n’a vu aucune action concrète dans ce sens et le rapport du Sami fin montre bien que la situation a empiré ». 

Exportation illégale d’or, détournements de fonds publics, spoliation de ressources minière… autant d’argument avancés par le Samifin pour expliquer à quel point la situation s’est détériorée sur la Grande île. L’Affaire du trafic des 73,5 kilos d’or, en décembre 2020, avait notamment défrayé la chronique.

Une loi pas suffisamment appliquée

Une source proche des PAC (Pôle anti-corruption) avance, elle aussi, que l’application de la loi n’est pas suffisante ou mal comprise. Et d’ajouter toutefois que « la réforme sur les pôles anti-corruption, adoptée en juillet dernier et porté par un député de la majorité, a enlevé des prérogatives importantes pour la lutte anti-corruption ». 

Le comité de sauvegarde pour l’intégrité (CSI), une instance rattachée à la présidence, a aussi tiré la sonnette d’alarme il y a trois semaines. Détricotage des acquis, blocages administratifs… à un an de l’élection présidentielle, le chemin de la lutte anti-corruption semble encore long.

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