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Madagascar: un rapport épingle la classe politique et son financement

À Madagascar, la commission du contrôle du financement de la vie politique, chargée de s’assurer de la transparence des fonds de campagne des candidats aux élections, vient de publier son dernier rapport. Et le constat de la commission est sans appel, la classe politique se moque des lois et le régime se complaît à entretenir un système de contrôle inopérant.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

L’organe de contrôle a été mis en place en 2018, année d’élection présidentielle. À l’époque, 64% des candidats avaient déposé leurs comptes de campagne. Trois ans après et 5 élections plus tard, à l’élection sénatoriale, aucun des candidats n’a pris la peine de remplir ses obligations, malgré les relances des membres de la Commission de contrôle du financement de la vie politique.

« C’est un mépris envers la loi qu’ils ont adoptée, et c’est un mépris envers les électeurs qu’ils représentent ou qu’ils vont représenter », estime Rado Milijaona, le président de la commission.

La loi prévoit que chaque candidat doit désigner un trésorier, produire un compte, et ce dans le but notamment de lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption. « Il est évident que ne pas respecter toutes ces dispositions c’est une violation directe et flagrante d’une loi organique, c’est-à-dire un complément de la Constitution », rajoute-t-il.

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Si ces violations se font au su et vu de tous, c’est aussi parce que le système est défaillant. Aucune condamnation n’est prévue à l’égard des contrevenants et la commission n’a pas ce rôle. De plus, ses moyens d’action sont extrêmement limités.

« Ce ne sont pas seulement des moyens financiers ou matériels qui manquent, il faut commencer par des moyens juridiques d’abord. Est-ce qu’il y a des sanctions au cas où la commission détecte des anomalies, notamment la non-production de comptes ? La réponse est négative », explique M. Milijaona.

Mais l’insuffisance de moyens humains, matériels et financiers, freine aussi le travail de cette commission. « Elle a été mise sur pied juste pour répondre en apparence aux exigences de la communauté internationale. Concrètement aujourd’hui, ce système ne fonctionne pas. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de volonté politique », se résigne son président.

Pour les membres de l’organe de contrôle, qui passeront prochainement la main à une nouvelle équipe, 2022 sera une année charnière. Une année pour réaliser tous les aménagements afin que le mécanisme électoral fonctionne mieux, avant la grande échéance de la présidentielle de 2023.

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