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Madagascar: réactions après l’annonce d’une hausse des salaires dans le privé

Madagascar's President Andry Rajoelina delivers a speech during a press conference at the Iavoloha presidential palace in Antananarivo, on April 29, 2019. (Photo by Mamyrael / AFP)
À l’occasion de la fête du Travail, le président de la République, Andry Rajoelina, a annoncé la hausse des salaires dans le secteur privé. Le salaire minimum passera de 200 000 ariary (47 euros) à 250 000 ar (59,50 euros). Cette hausse résulte d’une rencontre entre le président et les principaux responsables de groupements patronaux de Madagascar, débutée vendredi 29 avril.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Laure Verneau

L’annonce s’est faite rapidement, alors même que les discussions ne sont pas finies. Les pourparlers doivent en effet continuer cette semaine entre les partenaires sociaux et le ministère du Travail et de l’Industrie, afin de réfléchir à une mise en place optimale de cette augmentation de 25 % du salaire minimum. 

Le secteur privé et les partenaires sociaux en discussion, depuis le mois de janvier, étaient tombés d’accord sur une hausse du salaire minimum de 9,9 %, portant le smic à 217 000 ariary (52 euros). Vendredi, l’exécutif a préféré pousser jusqu’à 250 000 ariary et « la différence sera assumée par l’État », a ajouté Andry Rajoelina lors de son annonce, pointant du doigt l’inflation galopante due à l’explosion du conflit ukrainien.

« Tout va dépendre de la façon dont cette hausse est mise en œuvre », explique Thierry Rajaona, président du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), l’un des principaux syndicats patronaux du pays.

« Depuis le mois de janvier, nous [organisations patronales et syndicats] travaillions à une augmentation des salaires et nous étions tombés d’accord pour une hausse de 9,9 %, ce qui portait donc le salaire minimum à 217 000 ariary. Ce sont les entreprises qui financent cette hausse et en l’état, nous ne pouvons pas plus. Si l’Etat respecte l’accord que nous avons signé avec les partenaires sociaux et subventionne, sous forme de prime, l’écart pour aller jusqu’au 250 000 ariary, nous n’y voyons aucun inconvénient », ajoute Thierry Rajaona.

Juridiquement, les primes sont des compléments de salaire et sont circonscrites dans le temps. Si c’est le salaire minimum officiel qui venait à passer à 250 000 ariary, qui prendrait en charge les surcoûts afférents liés aux charges sociales, aux congés payés ? Des questions qui seront sans nul doute tranchées au cours de cette semaine. 

Une petite partie de la population concernée

« L’accord qui a été signé avec les partenaires sociaux a été un travail de longue haleine, de plusieurs mois, et qui respecte les critères imposés par l’Organisation internationale du travail (OIT). En principe, l’État ne peut pas intervenir comme cela dans les négociations », ajoute une source qui préfère rester anonyme.

« Attention au risque inflationniste. L’inflation précède la hausse des salaires, pas l’inverse. Ça peut faire appel d’air et provoquer une nouvelle hausse des prix », poursuit cette même source

Dans le contexte économique actuel où l’augmentation des prix des PPN (produits de première nécessité) est continue, depuis deux ans, l’augmentation des salaires était vue comme une nécessité par le secteur privé – d’où les discussions entamées dès janvier 2022 – quand bien même cette augmentation ne va concerner qu’une petite partie de la population.

Promesse de campagne d’Andry Rajoelina, la dernière hausse de salaire datait de 2019 où le SMIC est passé de 42 à 50 euros. 

D’après la Banque mondiale, à Madagascar, la crise du Covid a effacé plus d’une décennie de gains, en matière de revenu par habitant et a amené le taux de pauvreté à un nouveau record de 81 % (seuil de pauvreté international de 1,90 $/habitant/jour). 

L’annonce présidentielle concernant la hausse des salaires intervient alors qu’Andry Rajoelina, de retour de Washington, a annoncé une hausse du prix du carburant pour le mois de juin. 

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