Après les éruptions de violence la semaine dernière à Maurice, de nombreuses voix appellent les autorités à réviser les prix alimentaires et assister les plus pauvres. Le pays essaie de comprendre les raisons des émeutes qui ont fait un blessé par balle du côté des manifestants, et 13 blessés chez les forces de l’ordre. La gestion des affaires nationales y est pour quelque chose, mais la goutte de trop a été les récentes augmentations du gaz ménager et des carburants. Le ras-le-bol des citoyens a résonné devant le QG même de la police.
De notre correspondant à Port-Louis,
« La dictature, nous n’en voulons pas. Le gouvernement doit partir », scande une foule agitée devant le quartier général de la police, à Port-Louis, la capitale. Ce rassemblement spontané vendredi soir a été le point culminant de l’explosion de colère des Mauriciens. Des manifestants venus soutenir un de leurs camarades arrêté, selon eux, arbitrairement. Ce soir-là, les citoyens ont bravé l’interdiction de manifester en masse.
Un manifestant hurle devant les micros de la presse : « Je veux passer un message, regardez bien cette caméra de surveillance, vous verrez le nombre de personnes qui seront arrêtées demain. »
Pour l’heure, seules trois personnes ont été arrêtées, mais la traque des manifestants et des casseurs a commencé, grâce à la présence de nombreux policiers en tenue civile dans la foule et un système national de caméras de surveillance.
Des troubles ont eu lieu dans neuf localités de l’île pendant deux jours, après une protestation contre la vie chère à Camp Levieux, quartier ouvrier de Rose-Hill, la deuxième ville du pays.
Les récentes hausses, 30% pour le gaz ménager et 25% pour les carburants, ont affolé les habitants. « J’habite Camp Levieux, je rentrais du travail quand j’ai vu la révolte des habitants de la cité. Tout augmente et notre salaire est trop faible », critique un jeune ouvrier. Son voisin tient le même langage : « La vie devient trop dure. Le salaire de base est de 11,500 roupies. Après les emprunts et les factures, il ne nous reste plus rien, comment pouvez-vous tenir un mois ? »
Le salaire minimum est de 11,075 roupies, soit autour de 210 euros par mois, à Maurice. Les associations de consommateurs réclament 350 euros désormais, soit 18 000 roupies. L’universitaire Rajen Narsinghen, appelle le gouvernement à agir tout de suite, pour désamorcer la bombe sociale : « Il faut que, immédiatement, le gouvernement offre des allocations à ceux qui n’en ont pas les moyens. Ceux qui ont moins de 15 000 roupies (moins de 300 euros), il faut qu’ils aient le droit à la nourriture et le droit et à la santé de la part du gouvernement. »
De nombreuses voix appellent à une révision des prix et à un nouveau dialogue social.