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Guinée: entre chimpanzés et villageois du Fouta-Djalon, une cohabitation devenue compliquée [2/2]

Bonobo young female 'Sankuru' portrait (Pan paniscus). Lola Ya Bonobo Santuary, Democratic Republic of Congo. Oct 2010.
La Guinée est le pays d’Afrique de l’Ouest qui compte le plus de chimpanzés sauvages. Ils sont particulièrement nombreux dans la région montagneuse du Fouta-Djalon. Mais la cohabitation est devenue difficile ces dernières années avec la population locale. À Mamou, les médias guinéens ont rapporté récemment plusieurs cas d’« agressions » perpétrées par des chimpanzés. 

De notre envoyé spécial à Mamou,

Au mois de décembre, un site de presse en ligne titre : « Des chimpanzés protégés sèment la terreur près de Mamou. »

« Voici l’enfant qui a été blessé, comme vous le voyez. Ses parents l’ont pris, l’ont envoyé à l’hôpital, et presque toutes les radios ont parlé de cette affaire », indique Lansana Kémo Keïta. Il est le chef de l’unité régionale de la Brigade de lutte contre la criminalité faunique et floristique de Mamou. Il nous montre la photo d’un petit Guinéen. Sa tête est couverte de pansements, autant d’égratignures. « La maman et l’enfant étaient dans les champs. Au moment où la maman travaillait, l’enfant était seul. C’est à ce moment que le chimpanzé est venu prendre l’enfant », ajoute-t-il.

Les médias, les habitants parlent d’enlèvement. Les chimpanzés alimentent tous les fantasmes. La réalité est moins sensationnelle. Pour Ibrahima Keita, conservateur de la nature, directeur préfectoral de l’Environnement et de Développement durable de la préfecture de Mamou. « Le nid écologique des chimpanzés, c’est les différentes forêts classées. Compte tenu de l’accroissement démographique, les forêts sont entourées par des villages. L’habitat est restreint. Forcément, il y a conflit », démontre-t-il.

► À lire aussi : Guinée: à la rencontre des orphelins du Centre de conservation pour chimpanzés [1/2]

Attaquer pour survivre

En temps normal, les chimpanzés fuient les hommes. À Mamou, ils sont acculés, ils n’ont plus cette possibilité et choisissent l’attaque pour assurer leur survie. La pression humaine est devenue trop forte comme à 10 kilomètres au nord de la ville. « Ça, c’est la forêt de Kunu. Maintenant, regardez, la population est toute proche de la forêt », montre le caporal-chef Yakwé Guilavogui, qui nous emmène à la rencontre des habitants. « On a tellement de problèmes. Notre travail ici, c’est la sensibilisation pour pouvoir faire une bonne collaboration. Sans quoi, ça ne peut pas fonctionner », explique Yakwé Guilavogui.

Les chimpanzés se retrouvent en concurrence avec les hommes pour l’exploitation des ressources naturelles, explique le chef local de la jeunesse, Mamadou Madiou. « Pour aller chercher de l’eau dans les rivières, ce sont les grandes personnes qui y vont le matin ou vers le soir pour ne pas rencontrer les chimpanzés », indique Mamadou Madiou.

Le chimpanzé est surnommé le jardinier de la forêt. Sa disparition pourrait provoquer un appauvrissement de la biodiversité végétale dans le Fouta-Djalon.

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